Dans la longue interview donnée à nos confrères du Point le 7 juin, Olivier Py, directeur du festival d'Avignon, ne laisse planer aucun doute : il refusera toute forme de subvention d'une région PACA qui passerait au Rassemblement national (RN) lors du prochain scrutin : «Si le Rassemblement national prend la région, il faudra que nous refusions sa subvention.»
Olivier Py développe plus avant ses griefs à l'encontre du RN qu'il assimile à l'extrême droite, estimant que le parti de Marine Le Pen «ne respecte pas les valeurs républicaines, [qu'il] met en péril le "vivre ensemble", [qu'il] appuie chez les individus sur des leviers pulsionnels et flatte les instincts les plus sombres». Olivier Py affirme d'ailleurs qu'il serait prêt à mettre un terme au festival d'Avignon si la ville devait passer un jour sous la houlette du Rassemblement national. «Si la ville d'Avignon devient RN, le festival ne pourra pas y rester sauf à donner à cette formation une vitrine que je ne me résous pas à lui offrir», explique-t-il, concluant par un appel aux «électeurs de tous bords à faire absolument barrage à l'extrême droite».
Seuls les fascistes empêchent les spectacles de se jouer
Olivier Py s'est par ailleurs montré tout aussi catégorique sur le conflit actuel des intermittents qui risquerait de perturber la 75e édition du festival. Interrogé sur leur situation, Le Point rappelle que les intermittents avaient provoqué l'annulation historique du festival en 2003 lors d'une grève contre le durcissement de leurs conditions de travail. Olivier Py balaie ce risque en jugeant que «seuls les fascistes empêchent les spectacles de se jouer». La liberté d'expression doit, selon lui, s'incliner devant celle des artistes. «Je ne veux pas revivre la situation de 2014 où, pendant quatre jours, le festival a été empêché [...] je suis intraitable sur cette question de la liberté d'expression des artistes», insiste-t-il. Idem pour le phénomène de «cancel culture» pour lequel Olivier Py assure qu'il est «résolument opposé à toute forme de censure [et] contre l'annulation des spectacles», mais qu'il n'est pas hostile à l'idée de «débaptiser les boulevards Thiers pour les renommer boulevards Joséphine Baker».
Le Rassemblement national aux portes du conseil régional
Thierry Mariani, tête de liste RN pour les élections régionales en PACA, est donné en tête dans les sondages pour le premier tour en devançant le candidat soutenu par Les Républicains (LR), mais aussi au second tour selon un sondage OpinionWay pour Cnews qui donne le RN vainqueur quel que soit le scénario. La même étude révèle une forte attraction de Thierry Mariani chez les jeunes de moins de 35 ans, mais également chez les CSP+.
La montée du Rassemblement national le rendant susceptible de gagner une région lors du prochain scrutin à moins d'un an de l'élection présidentielle prend des atours de répétition générale. Remporter une collectivité représenterait un véritable tremplin vers l'Élysée pour le RN, tandis que le parti présidentiel semble devoir se cantonner à un rôle secondaire, concentrant ses efforts sur les listes plus proches de son ADN politique, comme celle de Renaud Muselier, qui avait suscité l'émoi chez Les Républicains en annonçant le ralliement de plusieurs personnalités de La République En Marche.