Alors qu'il répondait aux questions de journalistes dans le cadre de son déplacement au Rwanda, Emmanuel Macron a réagi le 27 mai au fait que l'Académie nationale de médecine ait récemment publié un avis favorable à la vaccination obligatoire contre le Covid-19.
«Aucune porte n'est fermée par essence», a-t-il déclaré, soulignant le rôle qu'avait joué l'exécutif, au début de son mandat, dans la mise en place de nouvelles obligations vaccinales infantiles «pour essayer d’éradiquer complètement les maladies qui étaient concernées», en référence à une loi initiée par l'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, entrée en vigueur le 1er janvier 2018.
Emmanuel Macron a expliqué que cette mesure avait alors été appuyée par «un avis scientifique fort» et «un avis éthique qui était aussi très fort». «La conviction qui est la nôtre depuis le début de la crise [du Covid-19], c’est qu’il est plus efficace de miser, au moment où nous sommes, sur la confiance et la conviction», a ajouté le chef de l'Etat.
Pour rappel, s'il adopte aujourd'hui une position plus nuancée sur la question, fin 2020, Emmanuel Macron se montrait plus catégorique dans son opposition à la vaccination obligatoire. «Je veux aussi être clair : je ne rendrai pas la vaccination obligatoire», avait-il notamment déclaré lors de son adresse aux Français du 24 novembre de l'année dernière.
Un mois plus tard, le 27 décembre, il avait réitéré cette déclaration de principe sur Twitter : «Je l’ai dit, je le répète : le vaccin ne sera pas obligatoire. Ayons confiance en nos chercheurs et médecins. Nous sommes le pays des Lumières et de Pasteur, la raison et la science doivent nous guider.»
L'Académie nationale de médecine favorable à l'obligation vaccinale
De son côté, dans son communiqué daté du 25 mai, l'Académie nationale de médecine souligne les performances des vaccins déjà homologués qui affichent «un taux d'efficacité de 90 à 95% contre les formes graves de Covid-19», et plaide ainsi pour une instauration progressive de l'obligation vaccinale contre l'épidémie en cours. Rappelant qu'une telle décision avait jusqu'alors été écartée par «l’argument réaliste du manque de vaccins», la société savante a insisté dans son communiqué sur le fait que l'élargissement de la campagne de vaccination était «nécessaire pour l’acquisition d’une immunité collective». «Cette mesure a été appliquée en France pour la variole (1902-1984), la diphtérie (1938), le tétanos (1940), la tuberculose (1950-2007), la poliomyélite (1964), et étendue en 2017 pour 11 vaccins du nourrisson. Elle s’impose dans tous les cas où une vaccination efficace permet d’éliminer une maladie répandue, sévère et souvent mortelle», peut-on lire dans le même texte.
En tout état de cause, le sujet s'avère délicat pour Emmanuel Macron compte tenu d'une opinion publique visiblement divisée sur la question. Selon un sondage réalisé au mois de mai par l'entreprise de sondage OpinionWay et le Cevipof (le Centre de recherches politiques de Sciences-Po) pour Le Monde, la vaccination obligatoire contre le Covid-19 serait en effet appuyée par 51% des Français. Selon le même sondage, 65% des Français affirment s'être déjà fait vacciner ou en avoir l'intention.
Selon une courbe datée du 26 mai, à peine plus de 11 millions de Français sont complètement vaccinés, et plus de 24 millions ont reçu une première dose.
Simultanément au débat public que suscite la question, l'Agence européenne des médicaments a approuvé le 28 mai l'utilisation du vaccin Pfizer/BioNTech pour les 12-15 ans.