Ce 22 mai, le chef d'état-major des armées françaises, le général François Lecointre, a dénoncé une «manipulation» contre la force française Barkhane après une enquête de l'ONU accusant celle-ci d'avoir tué 19 civils réunis à l'occasion d'un mariage au Mali.
«Très clairement, il s’est agi d’une attaque contre l’armée française, contre l'opération Barkhane, contre la légitimité de nos engagements», a-t-il déclaré dans une interview accordée au Figaro, avant d'estimer que «les erreurs et les biais» du rapport de la Direction des droits de l’Homme de la Minusma, la Mission de l'ONU au Mali, «découlent pour une part d’une manipulation».
L'enquête a conclu qu'une frappe aérienne conduite par l'armée française avait entraîné la mort de civils réunis pour un mariage près de Bounti, dans le centre du pays, et pas seulement de djihadistes comme l'affirme Paris, qui réfute toute bavure. Les autorités françaises ont toujours assuré qu'il n'y avait pas de mariage, que le renseignement avait formellement établi qu'il s'agissait d'un rassemblement de djihadistes et que l'intervention d'une patrouille d'avions français lâchant trois bombes avait «neutralisé» une trentaine de combattants.
Une «guerre informationnelle» visant à délégitimer la présence française ?
«Je pense que nous serons désormais systématiquement confrontés à ce type de tentative pour chercher à nous entraver, à nous discréditer, à délégitimer notre action, à monter les populations contre notre action», a ajouté le chef d'état-major des armées.
La ministre française des Armées Florence Parly a parlé de «guerre informationnelle» que livreraient les groupes djihadistes. Les autorités maliennes avaient quant à elles fourni une version des événements cohérente avec celle de la France.
La France, qui engage environ 5 100 hommes au sein de Barkhane, a déjà été en butte à des soupçons de bavure, mais jamais à un rapport aussi circonstancié de l'ONU.
Depuis des rébellions indépendantiste puis djihadiste en 2012 dans le nord, le Mali est en proie à une tourmente multiforme qui a fait des milliers de morts – civils et combattants – et des centaines de milliers de déplacés, malgré l'intervention de forces de l'ONU, africaines et françaises.