La manifestation en soutien aux forces de l'ordre organisée par une intersyndicale de police ce 19 mai à Paris a attiré de nombreuses personnalités de bords politiques variés.
Outre le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui a reçu un accueil particulièrement glacial, les élus de la majorité Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot (qui ont porté la loi Sécurité globale) étaient présents.
A droite, l'ancien eurodéputé conservateur Philippe de Villiers est arrivé au rassemblement en compagnie de l'essayiste Eric Zemmour, tous deux rejoints par Jean Messiha, ancien délégué national du RN. «Je suis là parce que la police, c'est le dernier rempart de la paix civile», a déclaré Philippe De Villiers.
Eric Zemmour, qui a reçu une franche accolade de la part du député centriste Jean Lassalle durant la manifestation, a expliqué : «Ceux qui s'en prennent à la police s'en prennent à l'Etat, et ceux qui s'en prennent à l'Etat s'en prennent à la France.»
Le maire de Béziers Robert Ménard était lui aussi venu apporter son soutien aux forces de l'ordre.
Membres du Rassemblement national, le député Sébastien Chenu et les eurodéputés Thierry Mariani et Jordan Bardella en étaient. Ce dernier a déclaré être venu témoigner, «comme citoyen», et sans faire de «récupération politique», de «la reconnaissance de la nation toute entière» et lancer «surtout un message d'alerte et d'urgence aux ministres de l'Intérieur et de la Justice» à propos de forces de l'ordre «usées, fatiguées, épuisées».
Marine Le Pen a pour sa part apporté son soutien aux forces de l'ordre depuis l'Hôtel de police de Bordeaux, avant un déplacement électoral en Gironde. «Le message qui doit être lancé aux délinquants et aux criminels c'est : si vous touchez à un policier, vous risquez de rester de longues années en prison», a-t-elle lancé, ajoutant souhaiter «qu'on ne puisse plus toucher à un policier sans que les conséquences pénales soient extrêmement dures».
Le député de l'Essonne Nicolas Dupont-Aignan, présent lors du rassemblement à Paris, a dénoncé un «hallucinant rassemblement d’élus pour nos policiers [qui] viennent jouer les sauveurs devant les caméras».
Plusieurs parlementaires LR sont également venus : le sénateur Bruno Retailleau, les députés Damien Abad, Annie Genevard et Eric Ciotti. «On paie des années dans lesquelles on a parlé de violences policières alors que ce sont les policiers qui sont attaqués. On a besoin de retrouver de la fermeté», a estimé le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, en début de rassemblement. Ex-LR, le président des Hauts-de-France et candidat à la présidentielle Xavier Bertrand a estimé que «les forces de l'ordre, on ne s'y attaque pas, on ne les prend pas pour cible».
Qu'ils n'essayent surtout pas de récupérer ce mouvement
A gauche on pouvait constater la présence de la maire de Paris et potentielle candidate socialiste à la présidentielle Anne Hidalgo, ainsi que du premier secrétaire du PS Olivier Faure qui a déclaré : «Nous sommes là pour exprimer notre solidarité avec une profession et nous voulons engager le dialogue. Ne pas opposer la police à la justice [et] réconcilier les Français avec la police.»
L'eurodéputé EELV Yannick Jadot était aussi présent. «Nous sommes aux côtés de la police et il est essentiel qu’elle soit soutenue [...] La police souffre dans ce pays», a-t-il déclaré.
Mélenchon dénonce le tournant «factieux» du rassemblement
En revanche, la France insoumise, voyant dans les demandes syndicales un «cahier de revendications corporatives», avait de son côté annoncé qu'elle n'y prendrait pas part. Jean-Luc Mélenchon avait ainsi fait savoir qu'il n'entendait pas «participer à l'instrumentalisation politique de ceux qui, fonctionnaires de la police nationale ou militaires de la gendarmerie nationale, sont morts lâchement assassinés par des criminels».
Prenant la parole lors d'une conférence de presse après le rassemblement, il a notamment dénoncé : «La manifestation d'aujourd'hui prend un caractère ouvertement factieux. Elle s'en prend aux institutions et notamment à la Justice.»
S'il a dit comprendre et partager «la peine des policiers et des familles quand un policier est tué par un voyou», le leader insoumis a appellé «à ne pas confondre les organisations policières avec la masse des policiers qui ne partage pas cette attitude de menace des institutions».
Les syndicats entre ouverture aux soutiens et dénonciation de la récupération
Au micro de RT France, Julien Ventre, délégué départemental Unité SGP, a expliqué le point de vue des syndicats policiers, notamment au sujet de la présence de figures politiques : «Ceux qui veulent venir ici en soutien à la police, qu'ils viennent. Mais qu'ils n'essayent surtout pas de récupérer ce mouvement», a-t-il prévenu.
«On est venus par rapport à tout ce qu'il se passe, cette violence incessante contre les forces de l'ordre au quotidien. Il y en a marre. Ça fait des années qu'on tire la sonnette d'alarme, on veut montrer notre écœurement», a également expliqué le représentant syndical auprès de RT France. Selon l'UNSA Police, plus de 35 000 personnes ont participé au rassemblement.