Les Français auraient un regard de plus en plus méfiant à l'égard de l'immigration, selon le «baromètre de la fraternité» de l'Ifop, un sondage publié le 17 mai par l'institut. 71% des personnes interrogées estiment ainsi que la France «compte déjà beaucoup d’étrangers et qu’accueillir des immigrés supplémentaires n’est pas souhaitable», un taux en hausse de sept points par rapport à une enquête similaire de l'Ifop en 2018.
Cette hostilité accrue s'illustre notamment par le fait que 64% des sondés établissent un lien entre terrorisme et accueil des réfugiés migrants, une proportion qui a augmenté de 11 points en trois ans. Sociologiquement, les opinions qualifiées par l'Ifop de «xénophobes» sont plus répandues parmi les ouvriers (36%), les Français peu diplômés (39%) les catégories «pauvres» (39%) et les électeurs du Rassemblement national (56%). «L'étude traduit un discours général assez raide vis-à-vis du phénomène migratoire», a commenté auprès du Parisien Eric Thuillez, porte-parole du Labo de la fraternité et co-auteur du sondage.
Un Français sur deux penserait que «la diversité nous fait perdre notre identité»
L'enquête de l'Ifop pondère néanmoins ses résultats, en soulignant que 66% des sondés estiment que la France doit accueillir par solidarité les réfugiés venant des pays en guerre, et que 57% d'entre eux jugent que les immigrés amènent une richesse culturelle positive. En outre, 73% pensent que les travailleurs immigrés occupent des métiers que les Français ne veulent pas exercer.
Le travail de l'Ifop a également porté sur la notion de diversité et sa perception dans l'opinion française. 85% estiment qu'il s'agit d'une «bonne chose». Mais 55% se disent aussi inquiets vis-à-vis de cette diversité, un taux en hausse de 11 points par rapport à 2018. Ces deux derniers taux peuvent sembler contradictoires, mais ils s'expliquent par un sentiment en nette progression (+10 points en un an) : celui d'une diversité «qui génèrerait des politiques favorisant les minorités au détriment de la majorité», une opinion partagée par 62% des sondés. Enfin, 54% des personnes interrogées estiment que «la diversité nous fait perdre notre identité, nos valeurs».