France

Accusé d’avoir qualifié un policier de «racaille de flic», Taha Bouhafs relaxé par le tribunal

Le journaliste Taha Bouhafs était jugé pour «outrage» et «rébellion» envers un policier, en marge d’une manifestation en 2019. «C'est le droit de la presse et le droit de l'information qui est aujourd'hui sauf», a déclaré son avocat après le verdict.

Le journaliste Taha Bouhafs a été relaxé ce 11 mai par le tribunal correctionnel de Créteil des poursuites le visant pour «outrage» et «rébellion» envers un policier, qu'il accuse lui-même de violences lors de son interpellation en 2019 en marge d'une manifestation. 

Le journaliste, actuellement au MédiaTV, a été relaxé du chef «d'outrage» car le tribunal a considéré qu'il n'avait «pas dit "racaille de flic" et que les propos énoncés ne pouvaient pas être outrageants» car la fonction du policier, qui n'était «pas clairement identifié», ne pouvait «être connue de l'auteur». L'accusation de rébellion n'a pas également été retenue «au motif que l'attitude adoptée par Taha Bouhafs relève de la résistance passive et non pas d'un acte de rébellion».

Ce procès, c'est l'article 24 de la loi Sécurité globale

Le 11 juin 2019, Taha Bouhafs avait été interpellé alors qu'il filmait une manifestation de travailleurs sans-papiers devant la société Chronopost à Alfortville (Val-de-Marne) pour le média en ligne «Là-bas si j'y suis». Dans une vidéo visionnée à l'audience, on entend que les esprits s'échauffent alors qu'un policier lui demande d'arrêter de filmer. «Vous vous prenez pour un cow-boy ?! [...] Vous vous croyez au-dessus de la loi ?!», lance Bouhafs, «Vous jouez les racailles, hein». «C'est ça ce que tu dis, que je suis une racaille ? [...] Fais attention à ce que tu fais», le met en garde le policier.

Placé en garde à vue dans la foulée «pour outrage et rébellion», le journaliste, qui nie les faits, a déposé plainte pour «violences» par personne dépositaire de l'autorité publique. Il accuse un policier de lui avoir déboîté l'épaule. «C'est le droit de la presse et le droit de l'information qui est aujourd'hui sauf», a réagi Arié Alimi, l'avocat du journaliste, «nous attendons les poursuites criminelles pour les fausses déclarations des policiers». «Ce procès, c'est l'article 24 de la loi Sécurité globale : on m'a demandé d'arrêter de filmer, j'ai refusé, on m'a violenté et interpellé, c'est tout ce que l'on dénonce», a déclaré à l'issue du délibéré Taha Bouhafs.

Taha Bouhafs s'était fait remarquer pour avoir filmé Alexandre Benalla, l'ex-collaborateur du président Emmanuel Macron, en train de frapper un homme le 1er mai 2018. Par ailleurs, suspecté d'avoir incité des manifestants à investir en 2020 un théâtre parisien où le chef de l'Etat assistait à une représentation, il a bénéficié d'un non-lieu.