France

Nouvelle tribune de militaires : Castex dénonce une «manœuvre politique» de «l'extrême droite»

«Qu’est-ce qui prouve que ce sont vraiment des militaires ? Qui sont-ils ? Qu'ils s'affichent et qu'ils assument», a réagi le Premier ministre. Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a déclaré qu'«on perd beaucoup de temps» avec ces tribunes.

Pour le Premier ministre Jean Castex, la nouvelle tribune de militaires publiée par Valeurs actuelles est une «une tribune politique d'extrême droite, appelons un chat un chat», s'est-il insurgé dans Le Parisien le 10 mai, avant de critiquer l'anonymat des signataires.

«Ils prétendent parler au nom de l’armée ? On peut tous se dire militaires et signer sous couvert d’anonymat une tribune ! Qu’est-ce qui prouve que ce sont vraiment des militaires ? Qui sont-ils ? Qu'ils s'affichent et qu'ils assument s'ils considèrent que l'essentiel est en jeu», a insisté le chef du gouvernement, tout en exprimant sa «confiance dans l'Armée». Son ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a de son côté estimé sur France Inter ce 11 mai qu'«on perd beaucoup de temps avec de vieux généraux à la retraite ou avec des anonymes».

Cette tribune publiée le 9 mai est signée par des militaires – dont on ne connaît ni le nombre ni l'identité – se présentant comme «récemment entrés dans la carrière» et dont certains ont «connu le feu ennemi» au Mali, en Afghanistan ou en Centrafrique. Ils dénoncent ce qu'ils perçoivent comme une «guerre civile [qui] couve», et appellent le président de la République, les ministres, parlementaires et officiers généraux à assurer la «survie du pays». «Si une guerre civile éclate, l'armée maintiendra l'ordre sur son propre sol, parce qu'on le lui demandera», insistent les auteurs de cette tribune, qui avait recueilli à 22h plus de 211 189 signatures, selon Valeurs actuelles.

L'anonymat préservé car les auteurs «sont encore dans l'armée aujourd'hui»

Tugdual Denis, le directeur adjoint de la rédaction du magazine, a expliqué le 10 mai sur C8 que l'anonymat des auteurs avait été préservé parce qu'«ils avaient très peur, car ils sont encore dans l'armée aujourd'hui, d'être virés si leurs noms étaient publiés». Selon lui, «les militaires ont raison d'alerter sur le degré de gravité de la situation en France». Mais, ajoute-t-il, «c'est aux politiques de prendre leurs responsabilités, il ne faut pas un putsch».

Le texte fait suite à la publication le 21 avril dans le même titre d'une première tribune de généraux, dont certains sont menacés de sanctions. Ils dénonçaient le «délitement» de la France et se disaient prêts à «soutenir les politiques» qui œuvreraient contre. Après la parution de cette première tribune, Jean Castex avait déjà dénoncé une initiative «contraire à tous nos principes républicains». 

Au sujet du nouveau texte, un haut gradé de l'état-major a expliqué à l'AFP qu'«un rappel ferme sera fait par le commandement sur le respect du devoir de réserve» car «l'apolitisme fait notre crédibilité et la cohésion est ce qui fait notre force». «Les armées sont apolitiques et d'une fidélité absolue au Président élu [...] Si on a des états d'âme, il faut quitter l'armée en conscience», a ajouté cette source.