La comparaison peut sembler improbable, et pourtant c'est un vieux routier de la vie politique française qui l'établit : l'essayiste Jacques Attali a expliqué sur Europe 1 ce 9 mai voir une «convergence» dans les trajectoires de l'ancien président François Mitterrand, dont il fut le conseiller pendant dix ans, et de Marine Le Pen, candidate RN à l'Elysée.
Quarante ans après l'accession du socialiste à la présidence de la République, Jacques Attali, qui pronostique une victoire de la fille de Jean-Marie Le Pen à l'élection de 2022, a précisé que les analogies qu'il dresse ne portent «pas sur la personne, ni sur le programme, mais sur la situation politique».
«François Mitterrand, comme elle, a été candidat trois fois avant d’être élu», a-t-il souligné, précisant que bien que ce soit «aussi le cas de Jean-Luc Mélenchon [...] Marine Le Pen a été au deuxième tour, et donc cela créé un point commun». Par ailleurs, pour crédibiliser l'hypothèse d'une victoire du RN, Jacques Attali juge que «beaucoup de gens à droite, et aussi à gauche, consciemment ou inconsciemment, jouent pour Marine Le Pen en pensant que le tour d’après sera pour eux».
Enfin, l'ancien conseiller politique souligne le «sentiment [...] qu'il faut dégager [la classe politique]» : «C'est ce qui c’était passé avec François Mitterrand. C'est non seulement lui qui a été élu mais aussi monsieur Giscard d'Estaing qui a été battu. C'est donc le sentiment qu’il faut se débarrasser de la classe politique en place», a-t-il développé.
Il faut se réveiller, car son élection est là
Le 6 mai sur France 5, Jacques Attali avait déjà affirmé que Marine Le Pen «ressembl[ait] beaucoup, toutes proportions gardées sur la qualité du personnage, à François Mitterrand». Il avançait également à cette occasion comme indice d'une future victoire de Marine Le Pen «un certain nombre d'invariants» : par exemple, le fait que comme dans le cas de la présidente du RN, «on pensait [que Mitterrand] ne serait jamais élu, que la gauche ne pourrait pas passer, qu'il y avait un plafond de verre».
Evoquant les perspectives de victoire de Marine Le Pen, Jacques Attali a poursuivi : «Le fait qu'il n'y ait pas de gauche, ça l'aide ; le fait que la droite soit en capilotade, ça l'aide ; le fait que le président actuel n'ait pas de projet encore pour le prochain mandat, et qu'il va falloir qu'il s'explique pourquoi il propose quelque chose pour un autre mandat alors qu'il l'aura pas fait pendant celui-là, ça l'aide».
Du reste, Jacques Attali a tout de même pris soin de préciser, sur France 5 comme sur Europe 1, que les programmes de François Mitterrand et de Marine Le Pen n'avaient «rien à voir», celui de cette dernière étant pour l'essayiste «une horreur absolue». Toutefois, revenant sur les points communs en termes d'ascension politique, il a ajouté au sujet de la candidate RN : «Il faut se réveiller, car son élection est là».