Conformément aux annonces du ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, une circulaire est parue le 6 mai au Bulletin officiel proscrivant totalement l'écriture dite «inclusive».
Le texte paru au Bulletin attaque fort avec une citation des deux immortels de l'Académie française, Hélène Carrère d'Encausse et Marc Lambron : «L'écriture inclusive, si elle semble participer de ce mouvement [contre les discriminations], est non seulement contre-productive pour cette cause même, mais nuisible à la pratique et à l'intelligibilité de la langue française.» Et de poursuivre : «Une langue procède d'une combinaison séculaire de l'histoire et de la pratique, ce que Lévi-Strauss et Dumézil définissaient comme "un équilibre subtil né de l'usage". En prônant une réforme immédiate et totalisante de la graphie, les promoteurs de l'écriture inclusive violentent les rythmes d'évolution du langage selon une injonction brutale, arbitraire et non concertée, qui méconnaît l'écologie du verbe.»
Notre langue est un trésor précieux que nous avons vocation à faire partager à tous nos élèves, dans sa beauté et sa fluidité, sans querelle et sans instrumentalisation
La circulaire qui suit ces lignes acte donc la proscription formelle de la graphie dite inclusive à l'école, aussi bien dans les documents administratifs que dans l'enseignement.
«L'apprentissage et la maîtrise de la langue française, au cœur des missions de l'école, contribuent en effet à lutter contre les stéréotypes et garantissent l'égalité des chances de tous les élèves. Ces objectifs ne doivent pas être pénalisés par le recours à l'écriture dite inclusive dont la complexité et l'instabilité constituent autant d'obstacles à l'acquisition de la langue comme de la lecture», poursuit le texte, qui souligne encore les «écueils artificiels» que pose l'écriture inclusive pour les élèves présentant des troubles d'apprentissage.
«Notre langue est un trésor précieux que nous avons vocation à faire partager à tous nos élèves, dans sa beauté et sa fluidité, sans querelle et sans instrumentalisation», conclut la circulaire.
Dans une interview parue dans le JDD le 2 mai, Jean-Michel Blanquer s'était déjà publiquement opposé à l'écriture inclusive, jugeant qu'elle ne favorisait pas la transmission de la langue.
Notamment promue par des associations féministes, l'écriture inclusive vise à transformer l'écriture classique en insérant des points médians auxquels on ajoute des suffixes féminins et masculins dans le même mot (ce qui donne par exemple : «des citoyen·ne·s» au lieu «des citoyens»). L'objectif, selon ses défenseurs, serait de défendre ainsi l'égalité entre les hommes et les femmes.