France

Aides aux demandeurs d'asile : neuf interpellations et plus d'un million d'euros détourné

L'Ocriest a mené une enquête depuis juillet 2020 sur deux filières ukrainienne et moldave d'immigration clandestine qui a mené à l'arrestation de neuf personnes. Le réseau aurait détourné «entre 1 et 1,2 million d'euros».

Deux filières d'immigration clandestine, l'une ukrainienne l'autre moldave, ont été démantelées la semaine dernière en Seine-et-Marne après avoir détourné au moins un million d'euros d'allocations pour demandeurs d'asile, a appris l'AFP le 19 avril de source policière.

Au total, neuf personnes – six Ukrainiens, trois Moldaves – ont été interpellées et écrouées au terme d'une enquête express menée depuis juillet 2020 par l'Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi d'étrangers sans titre (Ocriest). «On a été saisi car, depuis deux ans, il y avait une forte hausse, jugée anormale, des demandes d'asile de la part d'Ukrainiens et de Moldaves en préfecture de Seine-et-Marne», a expliqué le chef de l'Ocriest, Xavier Delrieu, dont le service est rattaché à la Direction centrale de la police aux frontières (DCPAF).

Le mode opératoire, «simple mais efficace» selon le commissaire, consistait à faire venir par bus des demandeurs d'asile d'Ukraine et de Moldavie, attirés par une vie meilleure en France. Sur place, les migrants étaient logés dans des box de fortune aménagés dans d'anciens entrepôts d'usines désaffectées du département, comme à Dammarie-lès-Lys et Emerainville, où vit une importante communauté ukrainienne et moldave.

Un téléphone et une aide leur étaient ensuite fournis pour déposer leur demande d'asile en préfecture, leur donnant droit à une carte de paiement créditée du montant de l'allocation pour demandeurs d'asile (ADA), soit 420 euros par mois pour un adulte. «Le réseau réexpédiait ensuite les migrants, parfois de force, en Ukraine et Moldavie tout en gardant leurs cartes pendant toute la durée de la procédure de demande d'asile, en général six à huit mois», rapporte Xavier Delrieu.

Des opérations de police en Ukraine également

Au total, en dix mois d'enquête, l'Ocriest a estimé que le réseau avait ainsi récupéré 500 cartes ADA, soit «entre 1 et 1,2 million d'euros détournés». Une partie de la somme était dépensée en France, le reste envoyé en Ukraine et Moldavie par virement Western Union ou MoneyGram. Des opérations de police ont eu lieu le 19 avril en Ukraine, avec huit personnes interpellées et une cinquantaine de perquisitions prévues.

«C'est la contrepartie négative de la mise en place de la plateforme téléphonique en Ile-de-France, il y a près de trois ans», a réagi auprès Didier Leschi directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), qui verse l'ADA. «[Cette plateforme] a accéléré l'accès à la demande d'asile et sont apparues des filières qui ont profité de l'aubaine car cette escroquerie n'est rentable que si vous arrivez à faire enregistrer très vite beaucoup de demandeurs d'asile», a-t-il ajouté.