Dans une interview publiée le 18 avril dans Le Figaro, le président français Emmanuel Macron a été longuement interrogé sur des thèmes relatifs à la sécurité. Les journalistes l'ont notamment interpellé sur la décision de la cour de cassation de juger le meurtrier de Sarah Halimi, Kobili Traoré, comme étant irresponsable pénalement à la suite d'une consommation excessive de cannabis. Evoquant une «bouffée délirante», la cour suprême a de facto supprimé la possibilité d'un procès pénal bien qu'elle ait reconnu le caractère antisémite du crime.
Tout en reconnaissant qu'il ne lui appartenait pas «de commenter une décision de justice», le chef de l'Etat a indiqué que la juridiction avait «appliqué de manière très stricte les textes existants». «Il n’existe pas, c’est vrai, de principe d’exclusion systématique de l’irresponsabilité pénale en cas d’absorption volontaire de stupéfiants», a-t-il poursuivi, soulignant qu'en France, «on ne juge pas les citoyens qui sont malades et n’ont plus de discernement» mais «on les traite».
Le chef de l'Etat a néanmoins estimé que le fait de «prendre des stupéfiants et devenir alors "comme fou" ne devrait pas [...] supprimer [la] responsabilité pénale». Dans la foulée, il a invité le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, à présenter «au plus vite un changement de la loi» sur ce sujet.
10 000 policiers et gendarmes supplémentaires, Emmanuel Macron maintient ses objectifs
Interrogé sur l’objectif affiché en début de quinquennat de déployer 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires, le chef de l'Etat a annoncé qu'il tiendrait son calendrier. «Aujourd’hui, 4 508 policiers et 1 706 gendarmes ont déjà été recrutés, soit 6 214 membres des forces de l’ordre. Nous aurons en complément, dès cette année, 2 000 policiers et gendarmes de plus. Et parmi ces nouveaux policiers, l’essentiel iront directement en Sécurité publique, c’est-à-dire sur la voie publique», a-t-il indiqué.
Le président français a par ailleurs annoncé la création «d’une réserve de 30 000 hommes dans la police, tandis que celle de la gendarmerie passera de 30 000 à 50 000 hommes». «Concrètement, cela veut dire que chaque Français verra plus de bleu sur le terrain en 2022 qu’en 2017», a-t-il précisé.
Emmanuel Macron a également salué la loi Sécurité globale (renommée loi «pour une sécurité globale préservant les libertés») avec l'arrivée des caméras-piétons qui seront portées par les forces de l'ordre. «Ce moyen vidéo portatif fixé sur la tenue de l’agent est aussi un instrument destiné à prévenir les dérapages qui sont à sanctionner. Conformément à mes engagements, nous allons donc généraliser les caméras dès cet été dans toutes les brigades, puis un an plus tard pour tous les policiers. Ce dispositif va inhiber les gens violents, parce que je peux vous garantir que quand vous vous savez filmé, vous réagissez différemment», a-t-il déclaré.
Adoptée en seconde lecture à l'Assemblée nationale le 15 avril, cette loi a été dénoncée avec fermeté par l'opposition de gauche, qui voit en elle une dérive «liberticide» de la majorité.