D'après un article paru dans Le Monde le 30 mars, le chef de l'Etat aurait acquis selon son entourage une très grande expertise en épidémiologie. Une connaissance qui l'autoriserait à ne plus suivre les recommandations du Conseil scientifique mis sur pied le 11 mars 2020 alors que le Covid-19 commençait à sévir sur le territoire français.
Le quotidien souligne que si le président français a ardemment défendu le principe selon lequel il fallait s'appuyer sur la science pour traiter de l'épidémie, il s'est ensuite progressivement détaché de l'avis des scientifiques, considérant qu'il avait consulté un grand nombre d'études sur le sujet, lui permettant ainsi d'avoir une expertise sur la question.
D'après l'entourage d'Emmanuel Macron, le président serait même devenu «épidémiologiste» avec des proches, impressionnés par sa «maîtrise» laissant parfois son ministre de la Santé Olivier Véran dans des difficultés rhétoriques et scientifiques face à la connaissance du chef de l'Etat. «Il consulte toutes les études, dès qu’elles sont publiées. Au point que, parfois, le président peut en évoquer une que les experts en face de lui n’ont même pas lue», raconte une source du Monde.
Pour le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, «le président a acquis une vraie expertise sur les sujets sanitaires [...] Ce n’est pas un sujet inaccessible pour une intelligence comme la sienne et au regard du temps important qu’il y consacre depuis plusieurs mois». «Il cherche chaque jour ce qui se produit de nouveau pour ne rien laisser passer. Un jour, il pourra briguer l’agrégation d’immunologie», s’amusait de son côté le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, fin février dans Le Parisien.
Tempête d'ironie sur Twitter avec l'apparition du mot-dièse #EmmanuelMacronFacts
Ces confidences n'ont pas manqué de faire réagir la classe politique, les scientifiques, soignants ou simples citoyens, qui s'en sont donnés à cœur joie sur le réseau social Twitter. En milieu d'après-midi, le mot-dièse #EmmanuelMacronFacts est ainsi apparu dans les tendances nationales du réseau et des caricatures du chef de l’Etat, jugé comme intellectuellement supérieur aux autres, se sont succédé jusque tard dans la soirée. Comparant Emmanuel Macron au célèbre acteur américain Chuck Norris, réputé pour sa maîtrise des arts martiaux et sa force, des milliers de publications moquent la maîtrise supposée du chef de l'Etat de sujets relatifs à la science comme de tout le reste.
Le parodique journal de l'Elysée annonce en fanfare que 70 millions de doses de vaccin seront fabriquées en France dès la semaine prochaine «grâce à un peu d'ADN du chef de l'Etat».
Montrant une photographie du président français à vélo, un autre utilisateur explique qu'Emmanuel Macron a voulu rentrer à l’Elysée à bicyclette et qu'il a «accidentellement remporté le tour de France».
Plus sérieusement, le chef des Patriotes Florian Philippot a estimé, en réaction à l'article du Monde, que les «courtisans» venaient de «ridiculiser Macron» et que l'intéressé ne devait même pas s'en rendre compte tant il vit «dans l’adoration de lui-même».
«Le problème c’est que le président depuis un an a concentré tous les pouvoirs et que personne ne comprend sa politique : on ne sait pas où on va», a pour sa part déclaré Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France.
A gauche, le premier secrétaire du PS Olivier Faure a réagi plus sérieusement. «Il faut en finir avec le roi thaumaturge», a-t-il tancé, appelant le chef de l'Etat à agir pour «freiner le virus», et «accélérer la vaccination», au lieu de «procrastiner».
Emmanuel Macron tiendra ce 31 mars un nouveau Conseil de défense afin d'examiner la situation sanitaire en France alors que les données épidémiologiques s'envolent depuis quelques jours et que les services de réanimation fonctionnent à flux tendu, notamment en Ile-de-France. Depuis plusieurs semaines, des médecins et scientifiques appellent à un reconfinement strict en France.