France

Des migrants afghans accusent des gendarmes d'avoir tiré des coups de feu pour les refouler

Des migrants afghans ont accusé des gendarmes français de les avoir refoulés vers l'Italie en tirant des coups de feu pour les effrayer. Des allégations examinées par un magistrat italien, mais démenties par la gendarmerie.

Le parquet spécialisé dans la protection des mineurs à Turin (nord-ouest de l'Italie) a été saisi après l'hospitalisation d'une jeune Afghane de 11 ans en état de choc, selon l'agence Ansa. Sa mère a affirmé aux enquêteurs que le 25 mars 2021, son mari, sa fille et elle-même avaient quitté un hébergement provisoire dans lequel ils avaient été recueillis après l'évacuation en début de semaine d'un squat à Oulx, commune du Piémont limitrophe du département français des Hautes-Alpes.

Toutes les vérifications ont été faites, l'armement, les munitions ont été vérifiés et rien ne vient corroborer ces accusations

«Nous étions sur un sentier quand des policiers français sont arrivés. Ils se sont approchés et ont crié de nous arrêter. Et j'ai entendu des coups de feu», a raconté la mère de la fillette aux bénévoles de la Croix-Rouge qui ont transporté cette dernière à l'hôpital de Turin. Toujours selon elle, la fillette aurait d'abord été hospitalisée à Briançon en France, ce qui n'a pu être confirmé. L'enfant a quitté l'hôpital turinois et va mieux, ont précisé des sources médicales à Ansa.

Sa mère a expliqué que les tirs qu'elle affirme avoir entendus ont ravivé le traumatisme de sa fille blessée à la tête à l'âge de 7 ans par l'explosion d'une bombe en Afghanistan.

Interrogée par l'AFP, la gendarmerie française a démenti le moindre tir, indiquant que «la rumeur» avait mis en cause localement des gendarmes mobiles participant à la Lutte contre l'immigration irrégulière et clandestine (Liic).

«Toutes les vérifications ont été faites, l'armement, les munitions ont été vérifiés et rien ne vient corroborer ces accusations», a déclaré une porte-parole du service de communication des armées, le Sirpa.

Le chef de la Lega Matteo Salvini s'est fait écho le 27 mars de l'affaire. «La France refoule des migrants à Claviere [ville frontalière] et une Afghane de 13 ans [sic] est même hospitalisée à Turin. Puisque nous sommes tous Européens, je me demande pourquoi l'Italie serait seule à devoir accueillir [les migrants]», a-t-il écrit dans un communiqué.

«Le ministre français de l'Intérieur [Gérald Darmanin] était à Rome il y a quelques jours. Et maintenant, la gendarmerie est accusée d'avoir tiré des coups de feu», a-t-il ajouté.

L'Italie est la principale porte d'entrée des migrants traversant la Méditerranée à bord d'embarcations de fortune au départ de la Tunisie ou de la Libye. Selon le quotidien Il Corriere della Sera, en revanche, les migrants expulsés mardi du squat d'Oulx étaient arrivés en Italie en passant par les Balkans.