France

Strasbourg prêt à accorder 2,5 millions d'euros à l'organisation islamique Millî Görüs

Le conseil municipal de Strasbourg a accepté le principe d'une subvention de 2,5 millions d'euros à Millî Görüs pour financer la construction d'une importante mosquée. Gérald Darmanin dénonce la complaisance des élus locaux vis-à-vis de l'islamisme.

Le Conseil municipal de la ville de Strasbourg a adopté le 22 mars «le principe d'une subvention» de 2,563 millions d'euros pour la construction de la nouvelle Mosquée Eyyub Sultan qui sera située dans le quartier populaire de La Meinau. Cette mosquée sera gérée par la Confédération Islamique Millî Görüs (CIMG), association réputée proche des milieux islamistes, notamment en Turquie, selon l'AFP. 

Cette mesure très contestée par les opposants à la mairie EELV (Europe Ecologie les Verts) de Jeanne Barseghian a finalement été adoptée par 42 voix contre 7. Le montant accordé par la ville représente «10% du montant des travaux», selon l'élue locale, dont la majorité a affirmé qu'il s'agissait d'un pourcentage habituel pour le subventionnement d'un lieu de culte. Si le projet aboutissait, il s'agirait de la plus grande mosquée d'Europe.

Jeanne Barseghian a ajouté que le texte avait néanmoins été amendé lors de son examen en prévoyant que le versement effectif de la subvention fasse «l'objet d'un autre vote». L'élue écologiste avait également proposé d'intégrer dans le texte plusieurs conditions réclamées lors des débats, comme la signature préalable de la Charte des principes pour l'islam de France ou encore des garanties sur la transparence des fonds destinés à financer la chantier.

Le montant du chantier s'élève à plus de 25 millions d'euros avec un coût total de l'opération estimé à 32 millions d'euros. Les travaux avaient démarré en 2017 mais, selon les Dernières Nouvelles d'Alsace, la CIMG, qui gère des centaines de mosquées en Europe a fait face à des problèmes de financement, ce qui avait entraîné l'arrêt du chantier en 2019.

«Vivement que tout le monde ouvre les yeux et que la loi séparatisme soit bientôt votée et promulguée»

L'élu au conseil municipal, Jean-Philippe Vetter (Les Républicains) a voté contre cette résolution et s'est ému publiquement du refus de la CIMG de signer en janvier la «Charte des principes pour l'islam de France», texte publiée par le Conseil français du culte musulman (CFCM) et promu par Emmanuel Macron dans le cadre de la lutte contre le séparatisme. De son côté, le groupe LREM (La République en marche) mené par Alain Fontanel n'a pas pris part au vote tout comme celui de l'ancien maire PS (Parti socialiste) de Strasbourg et ancienne ministre, Catherine Trautmann.

Dans l'après-midi, le groupe Rassemblement national (RN) pour la région Grand-Est a publié un communiqué pour s'indigner de cette mesure. Pour Laurent Jacobelli, porte-parole du RN et tête de liste pour les dernières élections régionales, «il est scandaleux que des écologistes utilisent l'agent des strasbourgeois pour une organisation qui refuse de signer la Charte des principes de l'islam en France et entretient des liens avec l'ONG "Qatar Charity" qui est soupçonnée de participer au financement du terrorisme». Le candidat dénonce également «la complaisance des élus locaux qui contribuent à la progression de l'islam politique en Alsace».

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est par ailleurs exprimé sur Twitter le 22 mars en fin de journée. Dans un tweet cinglant, le ministre déclare : «La mairie verte de Strasbourg finance une mosquée soutenue par une fédération qui a refusé de signer la charte des principes de l’islam de France et qui défend un islam politique. Vivement que tout le monde ouvre les yeux et que la loi séparatisme soit bientôt votée et promulguée» faisant référence à un projet de loi en cours d'examen au Parlement.