La mobilisation contre la loi Sécurité globale continue ce 16 mars après des semaines de bras de fer entre ses opposants et ses promoteurs. Plusieurs appels à manifester pour demander le retrait du texte ont été lancés par la Coordination stop loi Sécurité globale à Paris devant le Sénat et dans le reste de la France devant les préfectures et sous-préfectures.
À Paris, ils étaient plusieurs centaines devant un palais du Luxembourg protégé par un fort dispositif policier, a constaté sur place Nadège Abderrazak, reporter de RT France.
Parmi les participants notamment le sénateur communiste Pierre Laurent qui a craint auprès de RT France que la «droite joigne ses voix à celle du gouvernement pour faire ressortir du Sénat un texte aggravé encore». Le Premier secrétaire du syndicat de journalistes SNJ Emmanuel Poupart a quant à lui dénoncé une atteinte sans précédent à «nos libertés fondamentales».
La loi Sécurité globale est débattue dans un Sénat dominé par l'opposition de droite après un passage en commission des lois le 3 mars et quatre mois après son passage à l'Assemblée nationale. Plusieurs dispositions du texte sont controversées, en premier lieu desquelles la première version de l'article 24 du texte, qui prévoit de modifier la loi de 1881 sur la liberté de la presse pour réprimer la diffusion «malveillante» d'images des forces de l'ordre, considérée comme une entorse massive à la liberté d'expression et de la presse par ses détracteurs.
Interrogé par RT France, Anthony Gratacos, secrétaire général de la Gauche républicaine et socialiste, a estimé pour sa part que l'article 24 remettait en cause «des libertés publiques fondamentales».
Darmanin défend l'article 24
Les sénateurs ont choisi en commission de proposer «un nouvel article [24] qui dépasse l'opposition stérile» entre liberté de la presse et protection des forces de l'ordre, en créant dans le code pénal un nouveau délit de «provocation à l'identification».
«Je veux redire ici tout l'intérêt [que l'article 24] porte et je veux redire ici toute la volonté du ministère de l'Intérieur, du gouvernement, de garder une disposition qui n'a rien à voir avec l'article 18 de la loi dite "séparatisme", pour pouvoir protéger les policiers et les gendarmes dans des opérations de police», a plaidé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dans l'hémicycle.
Les sénateurs ont par ailleurs resserré en commission l'encadrement juridique du recours aux drones, autre mesure très controversée, et se sont opposés à la diffusion d'images de caméra piétons de policiers directement dans les médias ou sur les réseaux sociaux.
Ils ont en revanche voté sans modifications la disposition, elle aussi controversée, prévoyant d'autoriser l'accès aux établissements recevant du public (musées, théâtres...) aux policiers et gendarmes armés en dehors de leurs heures de service.