Le président du MoDem François Bayrou revient à la charge au sujet de la proportionnelle. Allié d'Emmanuel Macron, l'actuel haut-commissaire au Plan a de nouveau défendu le 14 mars la mise en place de cette réforme en vue des législatives 2022, proposant que les Français votent par référendum sur cette question en même temps que les régionales prévues en juin.
«Il y a une question qui empoisonne le débat public depuis longtemps – les Gilets jaunes en ont beaucoup parlé dans leur cahier de doléances – et ils ont dit très souvent qu'ils n'étaient pas représentés», a-t-il expliqué dans l'émission de France Inter/France Info/Le Monde. «Si on fait ce constat, alors on se tourne vers notre histoire et nos institutions et on dit aux Français : "Il va falloir que vous tranchiez"», a-t-il poursuivi en prônant de nouveau un référendum. L'ancien ministre de la Justice estime que «ce serait pas mal de le faire en même temps que les régionales» et donc «dès juin si elles ont lieu en juin».
François Bayrou assure qu'il n'a «jamais cru qu'on pouvait y arriver par la voie parlementaire». Selon lui, «ce à quoi nous sommes confrontés, c'est le conservatisme éternel des forces politiques qui veulent garder le pouvoir pour elles, des forces politiques majoritaires qui croient qu'elles vont le rester». «J'ai proposé un référendum le jour du deuxième tour des élections législatives pour que ça soit réglé, on m'a dit "c'est trop tôt", et maintenant "c'est trop tard"», a-t-il poursuivi.
François Bayrou a également dit être «l'un des très rares hommes politiques qui croient que les promesses engagent», une référence non dissimulée à l'engagement d'Emmanuel Macron lors de sa campagne 2017 d'introduire une dose de proportionnelle dans le scrutin législatif.
Pas «la priorité absolue» selon Castaner
Néanmoins, du côté de LREM et de l'exécutif, le discours se veut très prudent. Favorable à une «dose de proportionnelle», le délégué général du parti présidentiel, Stanislas Guerini, a souligné le 14 mars sur France 3 une «différence de calendrier politique» avec le MoDem. Il se dit plus favorable à l'idée d'inscrire ce sujet «dans le programme présidentiel» de 2022, «en baissant aussi le nombre de parlementaires». Le patron des députés LREM Christophe Castaner a abondé, estimant que le mode d'élection des députés n'était sans doute pas «la priorité absolue» des Français en pleine crise sanitaire.
Début février, alors que François Bayrou relançait la question de la proportionnelle, Emmanuel Macron avait estimé que ce débat «important» devait se «poursuivre». Auprès de RT France, le politologue Jérôme Sainte-Marie, président de l’institut PollingVox, avait néanmoins estimé que la proportionnelle arriverait «trop tardivement» pour une mise en place d'ici 2022. «En termes de calendrier législatif» d'abord, mais également parce que les électeurs ne seraient pas dupes d'une mesure de dernière minute pouvant «donner l’impression de vouloir anesthésier» l'opinion publique en vue de la présidentielle.