France

Suspension de séance et invectives : la future place Claude-Goasguen enflamme le Conseil de Paris

Claude Goasguen, ancien député et maire Les Républicains du XVIe arrondissement décédé en 2020, aura une place à son nom. Mais le vote au Conseil de Paris aura été marqué par de virulentes invectives entre partisans et opposants à cet hommage.

Le 10 mars, le Conseil de Paris dirigé par la socialiste (PS) Anne Hidalgo a voté une place Claude-Goasguen, ancien ministre, député et maire Les Républicains (LR) du XVIe arrondissement. Cet élu est décédé le 28 mai 2020 d'un arrêt cardiaque après avoir été victime du Covid.

Alice Coffin monte au créneau

Le vote s'est déroulé après un échange houleux entre les groupes LR et les écologistes (EELV) ayant entraîné une suspension de séance et un scrutin public. La délibération a été adoptée par 82 voix pour, dont celle de la maire Anne Hidalgo et de son adjoint Patrick Bloche qui présidait la séance, 34 contre et 2 abstentions.

Au nom du groupe EELV, l'élue Alice Coffin s'est opposée à un tel hommage «en raison de multiples comportements et déclarations relevant du racisme, du sexisme [ou] de l'homophobie». «J'espère que vous mesurez la responsabilité qui serait la vôtre à attribuer le nom de cette place à Claude Goasguen», a-t-elle notamment dit en rappelant qu'Anne Hidalgo avait reçu dans le XVIe arrondissement de «terribles insultes sexistes» lors d'une réunion «provoquant un éclat de rire de Claude Goasguen sur un plateau de télévision». 

«Une sorte d'hommes qui sont toujours en avance sur leurs excréments»

L'actuel maire LR du XVIe arrondissement, Francis Szpiner a vivement critiqué l'intervention d'Alice Coffin : «En vous écoutant cracher sur la mémoire de Claude Goasguen [...] il me vient à l'esprit cette citation de René Char qui vous convient parfaitement : "Il existe une sorte d'hommes qui sont toujours en avance sur leurs excréments".»

L'adjointe communiste (PCF) à la mémoire, Laurence Patrice, a pour sa part soutenu l'hommage à «un élu républicain, là où il fut maire», et souligné que cette dénomination «n'avait pas porté à discussion» lors de son passage en commission.

Le débat s'est ensuite poursuivi sur les réseaux sociaux. La conseillère La France insoumise (LFI) de Paris et élue du XXe Danielle Simonnet a par exemple estimé qu'il s'agissait d'«une honte de nommer cette place Claude-Goasguen».

Les écologistes d'EELV ont poursuivi leurs attaques contre l'attribution du nom Claude-Goasguen, à l'instar de la conseillère de Paris Raphaëlle Rémy-Leleu qui déplore un «homme aux propos racistes, homophobes, sexistes».

Au Parti socialiste, il n'y a pas unanimité malgré l'appui d'Anne Hidalgo à cette nomination. Membre du bureau national du PS, Elodie Jauneau s'en est ainsi prise à un secrétaire national du parti, Vincent Duchaussoy, qui ne comprenait pas que l'«on puisse s'offusquer qu'un ancien ministre, ancien député, ancien maire, puisse avoir une place à son nom». Elodie Jauneau lui a alors rappelé que «lorsque Corbeil-Essonnes a renommé le boulevard Jean-Jaurès en boulevard Serge-Dassault, toute la gauche s'[était] unanimement levée contre cette décision». «Quelle sera ta réaction quand Jean-Marie Le Pen sera décédé et que des élus frontistes voudront honorer sa mémoire par une place ou une rue ?», a-t-elle demandé.

Des associations pro-LGBT sont aussi montées au créneau, tel Act up Paris, qui a qualifié Claude Goasguen de «complice du sida» : «Nous exprimons notre profond dégoût pour le vote d’une place au nom de Claude Goasguen. LGBTphobe, raciste, sexiste, classiste, aux affaires depuis des décennies, Goasguen incarne ce qu’il y a de plus abject : un conservateur ennemi de nos luttes et un complice du sida.»

La future place Claude-Goasguen se situera dans le quartier de La Muette, au cœur du XVIe arrondissement dont il fut maire de 2008 à 2017.