«Ce sont des espoirs nouveaux [...] qui renforcent notre arsenal anti-Covid», a déclaré en conférence de presse le 25 février le ministre de la Santé Olivier Véran en évoquant le sujet des «anticorps monoclonaux».
Alors que la France vient d'autoriser l'importation du médicament de l'américain Eli Lilly, Olivier Véran a fait savoir que «quelque 83 centres hospitaliers [avaient] déjà reçu des milliers de [doses de] ce traitement qui pourront commencer à être administrés avec prudence initialement dans un cadre hospitalier pour des patients âgés de 80 ans et plus, et qui ont des troubles de l'immunité».
Le ministre de la Santé a aussi assuré que des «dizaines de milliers de doses d'anticorps monoclonaux d'une génération supérieure [...] arriveront en France d'ici à la mi-mars».
Le Figaro informait d'ailleurs le 24 février que l’exécutif se préparait «à investir» dans ces anticorps monoclonaux, et envisageait «d’acquérir plusieurs dizaines de millions d’euros de médicaments». Selon le quotidien, Emmanuel Macron aurait appris l'existence de ce possible traitement en lisant une revue scientifique. Il se serait alors emporté contre Olivier Véran, «en lui disant que ce n’était pas normal qu’il apprenne cela dans une revue plutôt que par son propre ministre de la Santé», selon un témoin de la scène cité par Le Figaro.
Ces traitements par «anticorps monoclonaux» ont connu une certaine notoriété en octobre, lorsque l'ancien président américain Donald Trump, brièvement hospitalisé pour cause de Covid, avait reçu à titre expérimental celui de l'entreprise de biotechnologie Regeneron.
Le Regeneron a d'ailleurs reçu un avis favorable de l'agence européenne des médicaments (EMA) le 26 février. Comme le précise l'EMA, cette combinaison de deux molécules (casirivimab et imdevimab) peut donc désormais être prescrite dans les pays de l'Union européenne sans attendre une autorisation formelle. L'autorité poursuit l'évaluation en temps réel de cette combinaison, tout comme celle de traitements par anticorps développés par Eli Lilly et Celltrion.
L'Allemagne a pour sa part annoncé le 24 janvier avoir acheté «200 000 doses pour 400 millions d'euros» de traitements à base d'anticorps monoclonaux, ceux d'Eli Lilly et de Regeneron, soit 2000 euros par dose.
Des anticorps qui pourraient neutraliser le Covid-19
Fabriqués et «clonés» en laboratoire, ces anticorps de synthèse miment l'action des anticorps naturellement produits par le système immunitaire en cas d'infection. Un «anticorps monoclonal» est précisément conçu pour reconnaître et cibler un agent infectieux.
Le ministère de la Santé précise sur son site que «l'administration d’anticorps monoclonaux, en empêchant la pénétration du virus dans les cellules et ainsi en luttant contre sa réplication, pourrait neutraliser le virus à la phase précoce de l’infection».
S'ils sont déjà utilisés depuis une trentaine d'années pour traiter cancers ou maladies inflammatoires, leur principe a été adapté au Sars-CoV-2, virus à l'origine du Covid-19 : ils s'attaquent à la fameuse protéine S, qui forme à la surface du virus les petites pointes lui servant de porte d'entrée dans l'organisme. L'anticorps s’agrippe à ces pointes, les empêchant de s'arrimer à la cellule humaine pour l'infecter.