France

Les présidents d'université s'opposent à une enquête du CNRS sur l'«islamo-gauchisme»

La Conférence des présidents d'université fait part de sa «stupeur» suite à la proposition de la ministre de l'enseignement supérieur, Frédérique Vidal, de confier une enquête au CNRS sur l'«islamo-gauchisme» dans les universités.

Dans un communiqué publié le 16 février 2021, la Conférence des présidents d’universités (CPU) qui rassemble les dirigeants exécutifs des universités et établissements d’enseignement supérieur français, a fait part de sa «stupeur» quant aux récentes déclarations de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal, qui souhaite que le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) mène «une enquête» sur l'islamo-gauchisme dans les universités afin de dresser «un bilan de l'ensemble des recherches qui se déroulent dans notre pays».

Présidée par Manuel Tunon de Lara, également président de l’université de Bordeaux, la Conférence des présidents d’université (CPU) est une association de loi 1901 qui ambitionne de porter la voix et les valeurs des universités françaises dans le débat public. 

Dénonçant une «polémique stérile» et reprenant à son compte les propos tenus par la ministre de l’Enseignement supérieur elle-même dans une tribune publiée le 26 octobre dans le journal l’Opinion, le CPU rappelle que «l’université n’est ni la matrice de l’extrémisme ni un lieu où l’on confondrait émancipation et endoctrinement. L’université n’est pas un lieu d’encouragement ou d’expression du fanatisme» mais «le lieu où s’apprennent le doute comme la modération ». 

La France insoumise réagit par la voie de son député François Ruffin

L’association «regrette donc la confusion entre ce qui relève de la liberté académique, la liberté de recherche dont l’évaluation par les pairs est garante, et ce qui relève d’éventuelles fautes ou d’infractions, qui font l’objet si nécessaire d’enquêtes administratives» tout en s’étonnant de «l’instrumentalisation du CNRS dont les missions ne sont en aucun cas de produire des évaluations du travail des enseignants-chercheurs».

De son côté, le député de La France insoumise François Ruffin a vivement critiqué les propos de la ministre en publiant un tweet le 16 février dans lequel il appelle la ministre à «se mettre ou boulot » plutôt que de «pérorer sur la chasse а l'islamo-gauchisme ».

La ministre a néanmoins reçu le soutien du député Les Républicains Julien Aubert qui déclare «saluer» l'annonce de Frédérique Vidal tout en mettant en avant «l’urgence de créer une mission d'information afin que le Parlement puisse également se saisir de cette question», rapporte l’AFP.