France

Barkhane : Emmanuel Macron veut «décapiter» les groupes liés à Al-Qaïda au Sahel

Le chef de l'Etat s'est exprimé au cours d'une conférence de presse le 16 février en marge du G5 Sahel pour assurer notamment que la France ne comptait pas réduire «dans l'immédiat» la présence de soldats dans la région.

Le président français Emmanuel Macron a appelé le 16 février à «décapiter» les groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda qui constituent toujours une menace au Sahel. Le chef de l'Etat a également déclaré que la France ne comptait pas réduire pour l'instant les effectifs de l'opération Barkhane.

«Des évolutions sans doute significatives seront apportées à notre dispositif militaire au Sahel en temps voulu mais elles n'interviendront pas dans l'immédiat», a assuré Macron, «car elles seront d'abord le fruit d'une discussion collective avec nos partenaires sahéliens [...] et seront fonction des résultats obtenus et du degré d'engagement effectif de nos partenaires».

Le président français a tenu une conférence de presse sur le sujet depuis l'Elysée, en marge du sommet du G5 Sahel à N'Djamena, qui réunit depuis le 15 février cinq pays de la région – Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie et Tchad – pour dresser un bilan des actions menées depuis le sommet de Pau, en France, le 13 janvier 2020. Une nouvelle réunion des chefs d'Etat du G5 Sahel aura lieu au printemps et un sommet «avant l'été» pour «faire un point sur l'ensemble de ces piliers», a précisé Macron.

Depuis le sommet de Pau, où Paris avait désigné l'organisation Etat islamique au grand Sahara (EIGS) «ennemi numéro 1» dans la région, «nous avons réussi à obtenir de véritables résultats dans la zone des trois frontières», entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, et l'EIGS «a perdu son emprise et subi de nombreuses pertes», a fait valoir le président français. Cependant, les organisations affiliées à Al-Qaïda regroupées au sein du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) continuent de revendiquer de multiples attaques, a-t-il rappelé, promettant «une action renforcée» pour «essayer d'aller décapiter ces organisations [...] dont la plus haute hiérarchie continue à nourrir un agenda djihadiste». 

«Un retrait français, retirer massivement les hommes, serait une erreur»

Le sommet de N'Djamena, selon le président français, est «un moment d'amplification de la dynamique militaire», visant à consolider «les acquis dans la région des trois frontières». Le chef de l'Etat a cité en exemple le «déploiement du bataillon tchadien [...] qui sera positionné dans les prochains jours dans la région» et qui viendra «compléter le dispositif Barkhane». Macron a salué la «décision forte et courageuse» du président tchadien Idriss Déby Itno d'envoyer 1 200 soldats dans cette zone, pour «conforter la force du G5 Sahel».

Le chef de l'Etat a également remercié les pays européens participant au nouveau groupement de forces spéciales Takuba, «qui acceptent ainsi de mutualiser le risque du sacrifice ultime que prennent nos soldats». Lors du sommet de N'Djamena, «nous avons eu aussi un signal de réengagement de la nouvelle administration américaine, avec un message vidéo du secrétaire d'Etat Blinken», ainsi qu'un «réengagement algérien et marocain, dont je me félicite car il est important pour la stabilité de la région», a-t-il complété.

Durant la séquence de questions-réponses avec les journalistes, le président a notamment été relancé sur le niveau des effectifs de soldats français au Sahel, 5 100 hommes étant actuellement mobilisés dans la région dans le cadre de Barkhane. La France envisageait il y a encore quelques semaines d'amorcer un retrait dès début 2021, en rappelant les 600 soldats envoyés en renfort au Sahel il y a un an. 

Selon Macron, «un retrait français, retirer massivement les hommes, qui est un schéma que j'ai étudié, serait une erreur», et il serait «paradoxal d'affaiblir notre dispositif au moment où nous disposons d'un alignement politique et militaire favorable à la réalisation de nos objectifs». Le chef d'Etat français a cependant ouvert la voie à une baisse progressive de la présence militaire : «Dans la durée et au delà de l'été, je souhaite qu'on travaille avec nos partenaires pour une évolution de notre présence», ininterrompue depuis 2013 au Sahel, a-t-il insisté.

Macron a également souligné la nécessité de «donner une perspective aux populations du Sahel», en appelant à un «deuxième sursaut : celui du retour de la sécurité et des services aux populations» et en demandant «une impulsion au plus haut niveau» des Etats concernés pour réinvestir les territoires délaissés de la région.