France

La ville de Vendôme autorise LVMH à utiliser son nom moyennant 10 000 euros et la promesse d'emplois

Moyennant 10 000 euros et la promesse de nouveaux emplois, la ville de Vendôme a accepté de céder l’exploitation de la marque «Vendôme» au géant LVMH. L'opposant Florent Grospart dénonce un accord qui place la ville «à la merci de cette entreprise».

Le 4 février, le conseil municipal de la ville de Vendôme, située dans le Loir-et-Cher, a accepté de céder l’exploitation de la marque Vendôme au géant du luxe LVMH (Moët Hennessy Louis Vuitton) pour des articles de joaillerie et de bijouterie. En échange, la ville récupère un chèque de 10 000 euros et la promesse de nouveaux emplois dans la ville. Sur les 33 conseillers municipaux présents à la séance, il n'y a eu que deux votes contre et deux abstentions, comme le rapporte le Huffington Post.

Le maire UDI (Union des démocrates et indépendants) de Vendôme, Laurent Brillard, a vivement défendu cette transaction. «On récupère 10 000 euros supplémentaires pour un nom qu'ils auraient pu utiliser de toute façon. Finalement, entre le bâtiment Régence (un monument historique restauré par LVMH à hauteur de plusieurs millions d’euros) et l'atelier qui est en construction, ce sera à court et moyen terme 500 emplois créés», a-t-il estimé. 

Une affirmation que relativise la journaliste du site Arrêt sur image Nassira El Moaddem qui a enquêté sur le sujet et évoque certaines de ses conclusions sur son compte Twitter : «Donc on est actuellement sur à peu près 200 emplois créés sur le site du centre-ville (et encore le chiffre n'est même pas précis).»

Dans un entretien accordé à l'AFP, l’élu rappelle également que la ville «n’a pas vendu le nom Vendôme. Ce serait un raccourci absolument dramatique et surtout absolument faux», assure-t-il. La ville «cède la marque Vendôme uniquement sur la classe 14 (de l’Institut national de la propriété industrielle) qui permet simplement à la société l'utilisation du nom Vendôme pour toute création de collection ou de produits liés à la joaillerie de luxe», a-t-il précisé.

Selon l'élu, cet accord n'empêchera pas la ville de 17 000 habitants d'utiliser le nom Vendôme comme elle l'entend. «D'ailleurs le nom Vendôme est régulièrement utilisé depuis des années par plein de marques qui ne nous ont jamais demandé la moindre autorisation. Il existe déjà un hôtel Vendôme, une charcuterie Vendôme, des cosmétiques Vendôme, etc.», a pointé M. Brillard.

L’opposant écologiste Florent Grospart dénonce un mauvais contrat

Parmi les élus défavorables à cette transaction, l’opposant écologiste Florent Grospart (EELV) s’est ému de cet accord sur les réseaux sociaux. Dans une publication faite le 4 février sur Facebook, il explique que «privatiser ce mot et le transformer en emblème publicitaire est une décision que nous ne pouvons pas partager. Vous décidez de brader le nom de Vendôme», écrit-il.

L’opposant souligne notamment que dorénavant, si Vendôme avait besoin d'utiliser son nom sur la joaillerie, il faudra qu'elle négocie avec l'acquéreur, c'est à dire avec Vuitton pour pouvoir le faire. «On est complètement à la merci de cette entreprise avec ce contrat-là», estime-t-il. «On pouvait tout à fait, si on voulait absolument utiliser le nom de Vendôme, travailler sur une licence produit qui permettait à la Ville de rester maître de son nom». 

Dans ce sens, Florent Grospart espère mobiliser un maximum de citoyens pour faire pression sur le maire afin qu'il renonce au contrat ou qu'il le modifie.