Alors qu'une scission d'EDF en trois entités est en ce moment en discussion entre l'Etat et l'Union européenne dans le cadre d'un projet nommé Hercule, des politiques de tous bords et des syndicats (dont la CGT et FO) poursuivent la contestation le 10 février devant l'Assemblée nationale à Paris.
Une action symbolique car, le même jour, se présentent en audition au Palais Bourbon le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, et le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, afin de préciser les contours du projet.
Hercule, une «haute trahison de l'intérêt national» pour Dupont-Aignan
Parmi les 200 manifestants comptabilisés par l'AFP, le député de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan a exprimé auprès de RT France son hostilité à Hercule car, selon l'élu de l'Essonne, EDF sera «coupé en morceaux et vendu au plus offrant». «C'est une atteinte à quelque chose qui a marché», poursuit-il en martelant que grâce à EDF, la France produit de l'électricité peu coûteuse pour le consommateur, «quasiment deux fois moins chère que l'Allemagne» et «décarbonée», grâce à l'industrie nucléaire. Hercule serait une menace à ces atouts, estime le chef du parti souverainiste, qui dénonce une «haute trahison de l'intérêt national».
PCF et LFI mobilisés
Lui aussi au cœur de la mobilisation avec plusieurs de ses collègues insoumis (LFI), le député Adrien Quatennens a lancé aux manifestants : «Vous menez un combat d'intérêt général. Du point de vue du citoyen, il n'y a aucun intérêt à poursuivre Hercule, qui n'est fait que pour satisfaire l'idéologie de la Commission européenne.»
«La concurrence qui devait baisser les prix, plus personne n'y croit [...] la concurrence qui devait favoriser l'innovation ça n'est pas vrai non plus [...] toute cette casse d'un fleuron comme EDF, tout cela n'est fait que pour satisfaire aux exigences de la Commission européenne», argumente également l'Insoumis auprès de RT France.
Le député communiste (PCF) Sébastien Jumel a lui aussi répondu présent aux côtés de l'intersyndicale d'EDF. Il définit Hercule comme «un colosse aux pieds d’argile» et propose d'ailleurs de placer EDF comme un «bien commun sous le contrôle de la nation».
«Hercule, c'est le virus de la logique d'actionnaire qui s'empare du bien commun de l'énergie et nous savons que la conséquence directe de ça, c'est l'augmentation du prix pour l'usager», a-t-il déclaré au micro de RT France. L'élu communiste considère en outre que, «lorsque la logique d'actionnaire s'empare de l'énergie», des économies risquent d'être faites sur la maintenance, sur la sous-traitance, sur la sécurité ou encore sur les investissements dans les réseaux.
Le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, se trouvait également à la mobilisation selon l'AFP.
Plusieurs élus de divers partis contestent le projet Hercule depuis des mois, à l'instar du député du Vaucluse (Les Républicains) Julien Aubert, du socialiste (PS) Boris Vallaud ou du centriste (Libertés et territoires) François-Michel Lambert.
Le projet, qui devait initialement être présenté fin 2019, a pris du retard en raison d'échanges compliqués entre Paris et Bruxelles, selon l'AFP. La ministre de la Transition écologique avait expliqué le 4 février qu'il faudrait «trouver un plan B» si la France, qui discute avec la Commission européenne pour augmenter le prix de vente de l'électricité nucléaire à ses concurrents, échouait à trouver un accord avec Bruxelles.
Il s'agissait, ce 10 février, de la cinquième journée de grève à l'appel de l'interfédérale CGT, CFE-CGC, CFDT, FO depuis le 26 novembre.