Dominique Boutonnat, président du Centre national du cinéma (CNC), a été placé en garde à vue le 10 février à Nanterre après une plainte pour agression sexuelle et tentative de viol de son filleul. La garde a vue a démarré dans la matinée, a indiqué une source policière, confirmant une information de BFMTV.
La plainte, déposée le 7 octobre, émane d'un filleul de 22 ans, pour des faits datant d'août 2020, a précisé le parquet de Nanterre. Ce filleul n'a pas de lien familial avec Boutonnat, a ajouté le parquet. «Dominique Boutonnat conteste avoir commis quelque infraction que ce soit, il est tout à fait serein sur l’issue de cette procédure», a déclaré son avocat Maître Emmanuel Marsigny. Le parquet a indiqué n'avoir «pas connaissance d'autres plaintes» le concernant à ce stade. L'enquête a été confiée à la police judiciaire de Nanterre.
L'un des premiers soutiens d'Emmanuel Macron en 2017
Dominique Boutonnat, 51 ans, a été nommé président du CNC le 24 juillet 2019, après une longue carrière dans le financement de la création cinématographique et audiovisuelle. Après avoir commencé sa carrière professionnelle chez l'assureur Axa, Dominique Boutonnat avait rejoint le monde du cinéma à 35 ans, en 2005. C'est son frère Laurent, réalisateur et auteur-compositeur connu pour ses chansons interprétées par Mylène Farmer, qui l'y avait introduit. D'après le CNC, il a contribué entre 2007 et 2019 au financement d'environ 250 œuvres telles que Cleveland contre Wall Street (2010), Polisse et Intouchables (2011), La Belle Saison (2015) ou encore Le Chant du Loup (2019).
Sa nomination à la tête de l'établissement public, à l'été 2019, avait suscité des remous. Le milieu du cinéma s'était à l'époque inquiété de voir s'imposer une logique fondée sur la rentabilité, le candidat retenu étant notamment l'auteur d'un rapport sur le financement du cinéma français qui venait d'être remis à Bercy et au ministère de la Culture. Il y plaidait pour une plus grande mobilisation des ressources privées en offrant les conditions de films systématiquement bénéficiaires. Cet ancien condisciple d'Edouard Philippe à Sciences Po Paris avait été, selon Le Figaro, l'un des premiers soutiens à la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron en 2017.
Multiplication des affaires de viol ou agression sexuelle
Depuis le début de l'année, les affaires de viol ou agression sexuelle concernant des personnalités du monde de la culture ou de la politique se sont succédées, suscitant l'ouverture d'enquêtes judiciaires. C'est d'abord le politiste Olivier Duhamel qui a été accusé par sa belle-fille, Camille Kouchner, dans le livre La Familia grande paru début janvier, d'avoir violé son beau-fils adolescent, le jumeau de l'auteur, dans les années 1980. Une semaine plus tard, on apprenait que l'artiste Claude Lévêque était accusé par un autre artiste d'agressions sexuelles à la même époque, sur lui (lorsqu'il avait entre 10 et 17 ans) et ses deux frères. Le plasticien dénonce «des propos diffamatoires et calomnieux».
L'acteur Richard Berry a été visé fin janvier par une plainte de sa fille Coline pour «viols et agressions sexuelles», remontant également aux années 1980. Le comédien dément formellement. Le président du parti UPR François Asselineau a été mis en examen début février pour harcèlement moral et agressions sexuelles. Il conteste «catégoriquement». Et une enquête pour "viols sur mineurs" et "complicité de viols sur mineurs" a été ouverte le 21 janvier contre le producteur de télévision Gérard Louvin et son mari après le dépôt d'une plainte par le neveu du premier, Olivier A., a-t-on appris le 9 février auprès du parquet de Paris. Le couple dément fermement les «accusations opportunistes».