Depuis septembre, Roland Leutard, un retraité de 88 ans, a été évincé de son domicile situé à Toulouse après que des squatteurs s'y sont introduits puis ont changé les serrures de la maison. Depuis plusieurs mois, Roland oscillait entre son domicile et un appartement qu’il louait à Albi afin de se rapprocher de son épouse aujourd’hui placée dans un Ehpad. Les squatteurs ont profité de l’absence du retraité à l’occasion de l’une de ces «navettes» pour s’introduire dans le domicile, comme le rapporte La Dépêche dans un article paru le 7 février.
«Ils m'ont pris ma maison, celle où j'ai grandi et fondé ma famille», s'est indigné le retraité dans les colonnes du quotidien régional. Il venait tout juste de mettre en vente sa demeure afin de pouvoir rejoindre sa femme. «Si je veux rejoindre Odile à la maison de retraite, j'ai besoin de financer mon séjour. Sans la vente de ma maison, je suis bloqué», a témoigné l'octogénaire. Jusqu'à septembre, cet ancien salarié de La Dépêche du Midi revenait chaque semaine dans la Ville rose pour se reposer et entretenir la maison. Lorsqu'il n'était pas présent, une aide ménagère passait régulièrement pour récupérer le courrier et s'assurer que tout allait bien.
Tout a basculé le 26 septembre lorsque l’employée de maison n'a pas pu accéder à la maison car toutes les serrures avaient été changées. La maison semblait par ailleurs occupée par quatre ou cinq individus. Rapidement informés de la situation, Roland et sa fille Diane ont déposé plainte au commissariat «mais les policiers n'ont rien pu faire puisque les intrus occupaient les lieux depuis plus de 48 heures et comme toutes les serrures ont été changées, nous n'avions pas de trace d'effraction», a expliqué Diane au journal toulousain.
Des soutiens dans les deux camps
Cette histoire n’a pas manqué de faire réagir le public, qui s’est montré divisé avec des soutiens des deux côtés. Comme le rapporte France Bleu, deux rassemblements distincts et même opposés se sont tenus le 8 février au matin devant la maison squattée. Dans une ambiance tendue, une dizaine de personnes, notamment des voisins de Roland Leutard, se sont montrés présents pour lui apporter son soutien. Une fois sur place, ils se sont retrouvés face-à-face avec une vingtaine de personnes qui soutiennent de leur côté les squatteurs installés illégalement. Une pancarte a même été accrochée sur le grillage : «Solidarité avec les squatteurs-euses».
De son côté, Maxime Boyer, le maire de quartier et adjoint à la municipalité s'est aussi rendu sur place en soutien à l'octogénaire : «La mairie de Toulouse, Jean-Luc Moudenc et moi-même apportons un soutien total à Monsieur Roland Leutard. La municipalité est derrière-lui pour le soutenir tant moralement que dans ses démarches. Nous sommes à l'écoute de Monsieur Roland et son avocate».
Condamné à attendre la fin de la trêve hivernale prolongée jusqu’au 1er juin
Après avoir intenté une procédure en justice, le propriétaire des lieux espérait récupérer son bien immobilier. «Le jugement est tombé, ces voyous ne peuvent pas être expulsés avant le mois d'avril à cause de la trêve hivernale», annonce le retraité. Un délai que le contexte sanitaire aggrave, puisque, comme le rapporte Capital, la trêve hivernale se termine d’habitude le 1er avril mais cette année, elle a été prolongée jusqu’au 1er juin en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19.
Il n'y a pas de justice, c'est affreux
Contacté par RTL, le 8 février, Roland Leutard a déclaré avec tristesse : «Je ne sais pas comment je vais faire si au mois de juin ces messieurs ne s’en vont pas et si je ne peux pas vendre la maison. J’aimerais finir mes jours auprès de mon épouse, depuis 65 ans qu’on est ensemble, vous vous rendez compte», avant d'ajouter : «Il n’y a pas de justice, c’est affreux.»
Pour ne rien arranger à la situation, ses vêtements ainsi que ses équipements électroménagers et autres objets personnels se trouvaient toujours dans le logement lorsque les squatteurs ont investi les lieux. «Je pense qu'ils doivent se servir de mes affaires», a précisé amèrement le propriétaire. D’après Diane, ils utilisent l'eau et l'électricité qui avaient pourtant été coupées, «j’espère ne pas recevoir de facture», a-t-elle confié à La Dépêche.
Après la mise en vente de la maison, un promoteur s'était récemment montré intéressé par le bien mais la ville de Toulouse avait rejeté le projet immobilier. L'octogénaire espère désormais que la demeure ne soit pas trop dégradée.