L'ancienne ministre des Sports Marie-George Buffet, députée PCF de Seine-Saint-Denis et membre de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi confortant le respect des principes de la République, actuellement en discussion à l'Assemblée nationale, a expliqué dans un entretien à L'Obs publié le 8 février 2021 que «la démarche séparatiste, c’est une réalité» en France.
L'élue communiste a notamment introduit dans le texte de loi un amendement adopté par la chambre basse prévoyant qu'une femme étrangère victime de la polygamie puisse voir sa carte de séjour renouvelée automatiquement.
Contrairement à une partie de la gauche, notamment le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui juge que ce projet de loi est «une bouillie d'amalgames» qui stigmatise les citoyens musulmans, Marie-George Buffet insiste auprès de l'hebdomadaire sur le fait que le texte vise, à travers le terme de «séparatisme», «l’islam politique».
«C’est-à-dire une vision de la pratique religieuse qui dit : "Ma religion dit la vérité, elle doit donc s’appliquer à tous." La démarche séparatiste, c’est vouloir imposer des règles religieuses à des citoyens ; c’est dire : "Les règles de ma religion sont supérieures aux principes de la République." C’est une réalité, on l’a constatée à certaines pratiques», explique l'ancienne patronne du parti communiste. Elle ajoute qu'«il y a bien une volonté de certains intégrismes religieux d’imposer leur loi. Démarche qu’il nous faut combattre de façon claire, nette et précise».
L'absence d'un volet social déçoit Marie-George Buffet
Au cours de l'examen du texte, les députés ont approuvé le 8 février une série de mesures pour interdire les certificats de virginité et durcir la lutte contre la polygamie, adoptant notamment à la quasi-unanimité le controversé article 16 interdisant aux professionnels de santé l'établissement de certificats de virginité, avec une peine de prison pouvant aller jusqu'à un an de prison et 15 000 euros d'amende.
Marie-George Buffet se dit néanmoins déçue de l'absence d'un volet social dans ce projet de loi, pour aider à lutter contre ce phénomène de séparatisme : «Si l’on ne fait pas vivre les principes de la République au quotidien, pour chaque citoyen et chaque citoyenne, on aura du mal à lutter contre le repli sur soi, sur une communauté à laquelle on s’accroche pour exister.» Enfin, au sujet des pratiques religieuses extrémistes, la députée PCF insiste sur le fait que leur évocation «ne reflète bien évidemment pas le comportement de la grande majorité de nos compatriotes musulmans».