Quelques 500 personnes ont pris part le 6 févier à Orschwihr, un village alsacien du Haut-Rhin, à une marche blanche en hommage à Estelle Luce. Celle-ci aurait été victime du «tueur de DRH», suspecté d'avoir également tué une employée de Pôle emploi et une autre DRH dans la Drôme.
A l'issue des obsèques de cette femme âgée de 39 ans et mère de deux enfants, environ 500 personnes (selon les gendarmes) ont pris la direction, une rose blanche à la main, de la chapelle du Bollenberg située au milieu des vignes, sur les hauteurs du village. En tête du cortège, la famille de la victime tenait une banderole sur laquelle figurait une grande photo de la directrice des ressources humaines souriante, entourée de colombes.
Une population sous le choc face à un meurtre qui «rajoute à la tristesse un sentiment d'injustice»
Après avoir cheminé une demi-heure au son de cornemuses, les marcheurs – dont beaucoup étaient visiblement émus – ont déposé en silence leurs roses devant cette petite chapelle aux murs blancs. A l'intérieur, un autel orné de bougies a été dressé en mémoire de la jeune femme. Cette chapelle «est un endroit qu'Estelle aimait beaucoup», a expliqué le maire d'Orschwihr, Marie-Josée Staender.
Dans cette commune d'un millier d'habitants où Estelle Luce résidait depuis quelques années avec son compagnon, «la population est sous le choc, c'est quelque chose de brutal, quelque chose de violent qui n'est jamais arrivé dans ce village», a confié l'édile. Les conditions violentes du décès d'Estelle Luce «rajoutent à la tristesse un sentiment d'injustice. [...] Elle est morte pour avoir fait son travail», a observé Jean-Marc Neff, le directeur de l'école d'un des enfants de la victime, venu «pour manifester [son] soutien à toute la famille».
Après un moment de recueillement, son compagnon Alain a pris la parole pour remercier du soutien reçu. «La douleur ne s'effacera jamais, mais tout ce que vous faites pour nous est un peu de réconfort», a-t-il déclaré entouré des filles et des proches de la victime. A l'issue de la marche blanche, la famille d'Estelle Luce a procédé à un lâcher de colombes puis de ballons blancs et dorés sous les applaudissements des participants.
Un lien présumé avec le tueur de Valence et de la Drôme
Estelle Luce a été retrouvée tuée par balles dans sa voiture sur le parking de son entreprise à Wolfgantzen (Haut-Rhin), près de Colmar, le 26 janvier en fin d'après-midi. Le même jour, un autre DRH, avec qui Estelle Luce avait travaillé en 2008 dans une entreprise d'Eure-et-Loir, s'est fait tirer dessus, également dans le Haut-Rhin.
Le 1er février, la procureur de la République de Mulhouse, Edwige Roux-Morizot, a annoncé que cette tentative d'assassinat a été commise par un homme qui s'est révélé être Gabriel Fortin, le tueur présumé de Valence et de la Drôme. Celui-ci a été licencié de cette même entreprise à l'époque où les deux DRH y travaillaient.
Dans le cas du meurtre d'Estelle Luce, dont il n'y a pas eu de témoin direct, les enquêteurs considèrent que l'auteur serait aussi cet ingénieur au chômage habitant Nancy, mais pour l'heure ce lien n'a encore été formellement établi ni par le parquet de Colmar, ni par celui de Valence. Arrêté au volant de sa voiture, l'homme a été mis en examen pour l'assassinat des victimes de Valence et de la Drôme.