L'épidémie de Covid-19 «est mal contrôlée par les mesures actuelles», a estimé le 5 février 2021 le directeur médical de crise de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Bruno Riou, après que le gouvernement a annoncé le 4 février ne pas procéder à un nouveau confinement.
«On risque d'avoir à faire face à une vague épidémique importante alors que nous sommes déjà à un niveau élevé de l'épidémie. Ça devient une quasi-certitude», a ainsi fait savoir le professeur Bruno Riou au cours d'un point de presse, jugeant que la prédominance du variant anglais était «inéluctable».
Des décisions trop tardives, selon Bruno Riou
«La situation s'est un peu aggravée par rapport à la semaine dernière et je ne vois pas bien pourquoi elle s'améliorerait», a également indiqué Bruno Riou, qui avait appelé fin janvier à «un confinement le plus vite possible».
Or, selon le Premier ministre Jean Castex, «la situation ne justifie pas à ce jour» (4 février) un nouveau confinement, tout en affirmant que l'exécutif n'hésiterait «pas à prendre [ses] responsabilités» en cas de «dégradation forte et rapide» des indicateurs sanitaires en raison de l'épidémie de Covid-19.
«Toutes les décisions de confinement ont été prises relativement tardivement. Je m'attends à ce que le même genre de décision tardive soit prise», a commenté Bruno Riou.
Aujourd'hui, l'AP-HP a «700 malades en réanimation avec une activité hors Covid qui reste très élevée, plus élevée qu'elle ne l'était pendant la première vague, plus élevée qu'elle ne l'était pendant la deuxième vague. Elle est aujourd'hui quasiment normale par rapport à la même situation l'année dernière», a détaillé pour sa part le directeur adjoint de l'AP-HP, François Crémieux.
«Nous allons débuter les déprogrammations dans les hôpitaux les plus impactés», a averti Bruno Riou, jugeant possible que l'Ile-de-France ait recours à des transferts interrégionaux de patients «dans les semaines qui viennent». «Le problème, c'est que je m'interroge sur la capacité des régions à ce moment-là à nous venir en aide», a-t-il poursuivi.
«Il est clair que nous allons vivre des moments très difficiles dans les semaines qui viennent. Ces difficultés, c'est aussi notre métier et elles seront de toute façon moins importantes que les difficultés que vont avoir nos patients et leurs proches», a-t-il ajouté, confessant qu'en tant que directeur médical de crise de l'Assistance publique, sa «mission» était avant tout de «mobiliser au maximum toutes les forces de l'AP-HP», mais n'avoir à proposer «qu'un discours churchillien sur le sang et les larmes».