Mediapart, qui a eu accès à de nouveaux éléments de l’enquête préliminaire pour viol visant Gérald Darmanin, révèle de nombreux SMS échangés entre l'actuel ministre de l'Intérieur et Sophie Patterson-Spatz, une femme qui l'accuse de relation contrainte. Darmanin aurait profité, selon la plaignante, de son statut de l'époque pour obtenir des faveurs sexuelles. Relancée en juin 2020 après un classement sans suite en février 2018, la plainte de Sophie Patterson-Spatz fait désormais l’objet d’une information judiciaire pour «viol».
Parmi les très nombreux échanges de SMS que Mediapart a reproduit, fautes d'orthographe comprises, il y a celui-ci. Dans la nuit du 16 au 17 décembre 2009, Sophie Patterson-Spatz répond à Gérald Darmanin : «Abuser de sa position ! Pour ma par[t] cet être un salle con !!!! Surtout quand on e[s]t dans la peine, la politique te correspond bien !!!» ; «Quand on sait l'effort qu'il ma fallu pour baiser avec toi !!!! Pour t'occuper de mon dossier». «Tu as raison je suis sans doute un sale con. Comment me faire pardonner ?», lui répond-il à 5 h 21. Plus tard, il implore : «Merci de me redonner une chance.. Es[-]tu dispo d[è]s ce soir ?»
Des échanges contredisant la version du ministre qui avait assuré aux juges avoir mis «de la distance» parce que Sophie Patterson devenait «insistante». Lorsque c'est elle qui lui écrit, c’est le plus souvent pour lui réclamer des lettres d'appui de sa part auprès de la ministre de la Justice de l'époque : «Tu peut m'envoyer par mail les lettres dont tu m'as parl[é] merci» ; «N'oublie pas ma lettre [à] Alliot[-]Marie merci» ; «Ma lettre ?».
Les faits remontent à mars 2009. Gérald Darmanin, alors âgé de 26 ans, est à l'époque chargé de mission au service juridique de l'UMP et conseiller municipal de Tourcoing. Sophie Patterson-Spatz, 37 ans, adhérente du parti, avait été condamnée en 2003 pour «tentative de chantage», «appels téléphoniques malveillants» et «menaces de mort» dans une affaire l’opposant à son ex-compagnon, et se bat pour contester cette décision. Au siège de l'UMP, on l'oriente vers Gérald Darmanin qu'on lui présente comme «un spécialiste des affaires juridiques». C'est là que leur histoire commence.
«La victime dans cette histoire, c’est moi. C’est moi dont on salit le nom. C’est à moi qu’on prête des comportements que je n’ai jamais eus», se défendait le ministre de l’Intérieur dans un entretien au Point, en août 2020.