France

«Macron hésite» : pourquoi le gouvernement temporise au sujet d'un nouveau confinement ?

Si de nombreux experts ont appelé à un reconfinement, l'exécutif semble vouloir temporiser. Entre attente d'un rapport sur le couvre-feu et crainte d'un mouvement contre les restriction sanitaires, Emmanuel Macron va t-il reconfiner la France ?

Alors que la question d'un reconfinement semble épineuse au sommet de l'Etat, le Conseil de défense sanitaire du 27 janvier est une étape clé. Exhorté depuis plusieurs jours par des scientifiques à reconfiner le pays, notamment face à la menace d'une propagation accrue du variant britannique du Covid-19, le président de la République semble vouloir temporiser.

«Macron hésite. Il doit faire face à une pression économique et sanitaire. Il est très agacé par les récentes sorties des scientifiques et certaines administrations qui souhaitent lui forcer la main pour reconfiner», confie une source proche de l'exécutif contactée par RT France.

Les récents propos de Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique qui insistait sur BFMTV le 24 janvier sur «l'urgence» d'un reconfinement, auraient plongé le locataire de l'Elysée dans une colère noire. «Il y a un conflit entre Matignon et l'Elysée, c'est Jean Castex qui pousse pour un reconfinement», ajoute la source avant de préciser : «Le sujet du confinement ne fait pas consensus, il est encore sur la table, mais beaucoup de ministres y sont opposés à commencer par Olivier Véran et Bruno Le Maire».

En effet, le ministre de l'économie ne cache pas son opinion sur la question. «J'entends certains qui nous disent "allez, maintenant il faut immédiatement reconfiner"», a pour sa part déclaré Bruno Le Maire sur Radio Classique. «Mais regardons d'abord, sereinement, calmement, est-ce que le couvre-feu à 18h a donné les résultats que nous espérions?», explique-t-il. «Pas de précipitation», a-t-il encore intimé, appelant à «laisser au gouvernement le temps d'étudier la situation».

Pour l'heure, dans l'attente d'une vision plus claire sur les effets du couvre-feu à 18h et du rendu en fin de semaine d'une enquête flash sur la prévalence des nouveaux variants, Emmanuel Macron semble vouloir naviguer à vue. Une version corroborée par Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l'industrie interrogée par BFMTV le 26 janvier : «À ma connaissance et sur la base des données dont nous disposons, à ce stade il n’y a pas de raison de décider un confinement [...] Les Français n’attendent ni excès de zèle, ni laxisme». La ministre déléguée précise : «Cette décision, on va mesurer son efficacité à la fin de cette semaine, puisque cela fera deux semaines et qu'on aura une idée de la manière dont ça ralentit ou pas la circulation du virus.»

La crainte d'une fronde qui monte ?

Autre sujet de crispation, la crainte d'un embrasement populaire face aux restrictions sanitaires : «L'acceptabilité est un sujet de vigilance et un enjeu très important car au premier confinement l'adhésion était de 85%, au deuxième de 65% et actuellement de 40%», souffle une source gouvernementale à l'AFP, au moment où des émeutes secouent les Pays-Bas depuis l'entrée en vigueur d'un «simple» couvre-feu le 23 janvier.

Selon RTL, rien de majeur ne devrait être tranché lors du Conseil de défense alors qu'un autre Conseil pourrait être organisé si besoin le 30 ou le 31 janvier. Ce n'est d'ailleurs pas avant cette date qu'il faudra s'attendre à une prise de parole par le président Emmanuel Macron.

«Tout dépendra des données que nous recevrons mardi, nous verrons alors qu’elle sera la part du variant britannique dans les nouveaux tests», assure l’entourage du chef de l’État, comme le rapporte Midi Libre.Aucune prise de parole n’était prévue avant le 30 janvier, car Emmanuel Macron souhaiterait laisser passer quinze jours après la mise en place du couvre-feu afin d’en mesurer les effets.

Un sondage OpinionWay-Square pour Les Echos et Radio Classique publié le 18 janvier estime que 41 % des Français seraient favorables à un nouveau confinement. La gestion de la crise sanitaire par le gouvernement est elle jugée mauvaise par 69% des sondés. La cote de popularité de l'exécutif ne cessant de se dégrader depuis la rentrée 2020 (37% d'opinions positives pour Emmanuel Macron et 36% pour son Premier ministre Jean Castex), la prise de décisions douloureuses semble être plus que jamais difficile.

Charles Demange