«Victor», le frère jumeau de Camille Kouchner qui selon elle a été agressé sexuellement à l'adolescence par leur beau-père, le politologue Olivier Duhamel, a pour la première fois porté plainte le 26 janvier contre ce dernier, a annoncé à l'AFP son avocate dans un communiqué.
«Dans le cadre de l'"affaire Duhamel", la victime présumée fait savoir, par l'intermédiaire de son avocate Me Jacqueline Laffont, qu'elle a déposé plainte contre son ex-beau-père M. Olivier Duhamel suite à l'ouverture d'une enquête préliminaire diligentée par le parquet de Paris», indique son conseil dans ce communiqué.
Une première audition
Cet homme aujourd'hui âgé de 45 ans a été entendu le 21 janvier par les policiers de la Brigade de protection des mineurs (BPM) chargés de l'enquête ouverte pour «viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineur de 15 ans».
Pendant cette audition, il est revenu longuement sur les faits révélés par sa sœur dans La Familia Grande, paru le 7 janvier.
Dans ce récit autobiographique de 200 pages, à la parution duquel «Victor» ne s'est pas opposé, Camille Kouchner accuse Olivier Duhamel, politologue de renom et influent, ancien eurodéputé et habitué des médias, d'avoir agressé sexuellement son jumeau à la fin des années 1980.
«Victor», fils de l'ancien ministre Bernard Kouchner et du professeur de droit Evelyne Pisier (morte en 2017), remariée avec Olivier Duhamel, avait été interrogé dans une première procédure ouverte en 2011. Mais il avait alors refusé de déposer plainte pour ces faits, probablement prescrits. L'enquête avait été «classée sans suite», a indiqué le 5 janvier dans un communiqué le procureur de Paris Rémy Heitz, sans motiver cette décision.
La nouvelle enquête ouverte à la parution du livre vise à vérifier que les faits sont bien prescrits depuis 2003, «à faire la lumière» sur cette affaire et à «identifier toute autre victime potentielle», selon Rémy Heitz.
Contactée mardi par l'AFP, Me Frédérique Baulieu, l'avocate d'Olivier Duhamel, n'a pas souhaité faire de commentaire.
Depuis la parution du livre, ces accusations suscitent un vaste débat et de nombreux témoignages sur l'inceste, notamment sur les réseaux sociaux via le mot-dièse #Metooinceste.
Après les révélations, Olivier Duhamel a démissionné de l'ensemble de ses fonctions : outre la présidence de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), qui chapeaute Sciences Po, le politologue a aussi quitté celle du club d'influence Le Siècle et arrêté ses émissions sur LCI ou Europe 1.
Plusieurs personnes de l'entourage d'Olivier Duhamel, accusées d'avoir été au courant des faits depuis plusieurs années, ont été éclaboussées par le scandale.
Le préfet d'Ile-de-France Marc Guillaume, membre du conseil d'administration du Siècle et ancien secrétaire général du gouvernement, a quitté l'ensemble des fonctions dans lesquelles il a travaillé avec Olivier Duhamel. L'ancienne ministre Elisabeth Guigou a, elle, quitté la présidence de la Commission sur l'inceste et les violences sexuelles subies pendant l'enfance.