France

Charte des principes de l'Islam de France : un «texte fondateur», selon Emmanuel Macron

«Etape extrêmement importante», «clarification de l'organisation du culte musulman» : Emmanuel Macron qualifie la charte des principes de l'islam de France de «texte fondateur dans la relation entre l'Etat et l'islam de France».

La «charte des principes» de l'islam de France, signée par le Conseil français du culte musulman (CFCM) le 18 janvier, est «un engagement net, clair et précis en faveur de la République», s'est félicité le même jour Emmanuel Macron, cité par l’Elysée.

Ce texte marque «une étape extrêmement importante» en permettant «une clarification de l'organisation du culte musulman», a ajouté le président au cours d'une réunion avec les responsables du CFCM à l'Elysée, a précisé la présidence.

Tout commence

«Tout commence», a-t-il assuré devant ces derniers à la fin de l'entretien, qui a réuni les représentants des cinq fédérations sur huit ayant adopté la charte le 17 janvier, avant le début, le lendemain, de l'examen du projet de loi de lutte contre le séparatisme.

Cette charte «est vraiment un texte fondateur dans la relation entre l'Etat et l'islam de France», a insisté l'Elysée, saluant «la forte mobilisation» du CFCM, notamment au cours du week-end, durant lequel ses responsables ont rencontré le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Au cours de la réunion, le président du CFCM Mohammed Moussaoui a précisé à Emmanuel Macron que la charte avait été approuvée par «toutes les fédérations» du Conseil, mais que trois d'entre elles «avaient besoin d'un peu plus de temps pour expliquer à leurs adhérents de quoi il s'agissait», selon l'Elysée.

«Le texte va faire sa vie, être transmis à nos instances locales, aux responsables des mosquées, imams, et leur retour d’expérience nous permettra de le perfectionner», a indiqué Mohammed Moussaoui dans la cour de l'Elysée, en saluant «l'unité retrouvée» des fédérations composant le CFCM.

Cette charte «dit de façon claire que les principes de la foi musulmane sont complètement compatibles avec les principes de la République», a-t-il expliqué.

Les représentants du CFCM ont réaffirmé au chef de l'Etat leur «volonté de mettre en place le Conseil des imams dans les plus brefs délais pour pouvoir commencer le vrai travail : celui d’agréer les imams, clarifier leur statut, leur cadre de travail et leur mission, et protéger l’imamat des auto-proclamés et des personnes non formées», selon Mohammed Moussaoui.

L'Elysée a dit attendre que la charte soit signée par l'ensemble des fédérations et que le conseil des imams soit mis en œuvre d'ici fin janvier.

Composée de dix articles, la charte affirme «sans ambiguïté», selon la présidence, «la supériorité des principes de la République sur les principes religieux» ainsi que «deux points politiques essentiels» : «le refus de toute ingérence étrangère» et «le rejet de l'islam politique», comme l'avait demandé Emmanuel Macron dans son discours aux Mureaux (Yvelines) en octobre 2020.

Le chef de l'Etat «souhaite que cette charte puisse sortir du cadre du CFCM» et soit adoptée «par d'autres acteurs», précise l'Elysée, en prévenant que «ceux qui la refusent» n'auront droit à «aucun traitement de faveur».

Pour Marine Le Pen, le texte doit être «un ordre de la République française» 

Le texte a été commenté par plusieurs personnalités politiques, dont Marine Le Pen, qui a affirmé que «tout ce qui va dans le sens de l'investissement d'un certain nombre de responsables religieux dans le respect des lois de la République [lui] paraît positif». Elle dit attendre que «tout le monde l'ait signé» et appelle à ce que les organisations qui ne signent pas soient «dissoutes et interdites», le texte devant constituer selon elle «un ordre de la République française».

Bruno Retailleau, sénateur Les Républicains (LR) de Vendée, critique «l’annonce en fanfare par le gouvernement de la signature de la charte de l’Islam de France» qui, selon lui, «cache une réalité bien plus inquiétante : quatre des neuf fédérations du CFCM ont refusé de la signer. Les islamistes resteront des islamistes. Les soumettre par une charte est une naïveté».

La ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur en charge de la citoyenneté Marlène Schiappa a expliqué que les conséquences du non-respect de la charte seraient «débattues». Les «sanctions» et «impossibilités», «ça n'est pas à l'Etat d'en décider». Elle précise qu'il reviendra aux représentants de l'islam «de dire qui peut ratifier cette charte et exercer en tant qu'imam reconnu et qui ne le fait pas».