«Des étapes importantes ont été franchies», a estimé ce 17 janvier à l'antenne de RT France Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l’islam de France, en référence à l'accord sur «une charte des principes» de l'islam de France, annoncé la veille par les dirigeants du Conseil français du culte musulman (CFCM).
Voulue par le gouvernement, cette charte, dont la négociation a été houleuse, est entre autres censée réaffirmer la «compatibilité» de la foi musulmane avec la République, le principe d'«égalité homme-femme», ainsi que le «rejet de l'instrumentalisation de l'islam à des fins politiques», a détaillé le président du CFCM Mohammed Moussaoui dans un communiqué. Aussi, ce texte constitue un préalable à l'élaboration d'un Conseil national des imams (CNI) qui sera notamment chargé de labelliser les chefs religieux musulmans exerçant en France.
Un projet de charte de sept à huit pages va être présenté au président Emmanuel Macron.
L'important est que les principes républicains s'imposent à l'ensemble des citoyens
«Je constate que la sagesse a prévalu [...] les négociations sont derrière nous et nous nous en réjouissons», a déclaré l'islamologue franco-algérien selon qui «l'important est que les principes républicains, la loi de la République, s'imposent à l'ensemble des citoyens».
CNI : les attentes de l'Elysée
Le 18 novembre 2020, Emmanuel Macron recevait les dirigeants du CFCM qui, à sa demande, avaient présenté les grandes lignes du futur CNI. Celui-ci, présenté comme une sorte de conseil de l'ordre sur le modèle de celui des avocats, pourrait non seulement labelliser les imams et leur donner une carte officielle – actuellement aucun label n'est nécessaire et il est possible de s'auto-proclamer imam – mais aussi leur retirer l'agrément en cas de manquement à la charte et à un code d'éthique qu'il devra élaborer.
Depuis son discours contre le séparatisme et l'islam radical début octobre, et encore plus depuis l'assassinat de Samuel Paty et l'attentat de Nice, le président de la République a en effet accentué la pression sur les instances dirigeantes de l'islam en France pour lutter contre l'influence étrangère, la radicalisation et l'islam politique.
Ainsi que l'avait alors rapporté l'AFP, un des objectifs d'Emmanuel Macron était de mettre fin, en quatre ans, à la présence en France de 300 imams étrangers «détachés» par la Turquie, le Maroc et l'Algérie.