Pourra-t-on voter par correspondance en France lors du scrutin présidentiel de 2022 ? C'est ce que permettrait, s'il est voté, un amendement déposé le 15 janvier 2021 par huit députés non inscrits ayant quitté le groupe de la majorité.
Alors que l'Assemblée doit examiner en séance plénière, le 19 janvier, le projet de loi organique relatif à l’élection du président de la République, l'amendement numéro 6 de l'article 2 proposé par ces députés a pour objectif «d’étendre la possibilité pour l'élection présidentielle de 2022 de voter par correspondance à toute personne inscrite sur une liste électorale, dans des conditions permettant de respecter le caractère secret et personnel du vote et la sincérité du scrutin». Initialement, l'article 2 que ces huit députés souhaitent amender propose d'ouvrir seulement le vote par correspondance aux personnes en détention lors de la prochaine élection présidentielle.
Les parlementaires justifient cette démarche par «un contexte sanitaire incertain» et une mesure qui pourrait «faciliter l’accès au vote par tous les citoyens et citoyennes». L'auteur de cette proposition est un proche de Nicolas Hulot, le député du Maine-et-Loire Matthieu Orphelin, qui a quitté la République en marche en février 2019.
Un amendement polémique
Cette proposition d'amendement n'est pas passée inaperçue. Ainsi, la directrice de l'Issep et ancienne députée du Rassemblement national, Marion Maréchal, a évoqué une «démarche [qui] a de quoi interpeller», rappelant que ce dispositif a été accusé aux Etats-Unis par Donald Trump et ses partisans de faciliter la fraude électorale.
Une inquiétude partagée par le président des Patriotes, Florian Philippot, qui s'insurge sur Twitter : «Inutile de vous faire un dessin : vous avez compris !»
«On se prépare une réaction populaire sur le thème de l'élection volée pour la prochaine présidentielle», prévient l'entrepreneur Fabrice Epelboin.
Le 5 novembre dernier, le sénateur LREM des Hauts-de-Seine, Xavier Lacovelli, avait lui aussi déposé, sans succès, une proposition de loi pour autoriser le vote par correspondance en France. Une initiative qui avait également suscité la polémique, alors que le vote par correspondance faisait l'objet d'une controverse aux Etats-Unis, où il était très répandu lors de l'élection présidentielle en raison de la pandémie de Covid-19.
En novembre également, le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait qualifié le vote par correspondance de «fausse bonne idée», faisant notamment valoir que «les raisons qui ont amené à abandonner le vote par correspondance en 1975 restent valables aujourd'hui : le risque de fraude est trop important».