International

Les démocrates américains présentent un acte d'accusation pour la destitution de Trump

Suite aux violences du Capitole, les démocrates américains ont déposé un acte d'accusation contre Donald Trump qui ouvre la voie à une procédure de destitution, la deuxième depuis le début de son mandat.

Les démocrates ont avancé le 11 janvier vers l'ouverture d'une seconde procédure de destitution contre Donald Trump, accusé d'avoir «incité à la violence» qui a frappé le Capitole, tout en appelant son vice-président Mike Pence à le démettre sans attendre de ses fonctions. Le président républicain est menacé d'une sanction qui resterait dans l'Histoire des Etats-Unis et pourrait hypothéquer son avenir politique: devenir le premier président des Etats-Unis à être mis en accusation au Congrès («impeached») deux fois dans une procédure de destitution.

Un président «dérangé», une «menace imminente» contre la démocratie américaine: même si la fin de son mandat est toute proche, le 20 janvier, les démocrates sont décidés à précipiter sa sortie, après ces événements qui ont fait cinq morts et ébranlé le pays. Contrôlant la majorité à la chambre basse, l'opposition a donc mené une double action le 11 janvier au matin matin.

Des parlementaires ont d'une part déposé un acte d'accusation contre Donald Trump, première étape vers l'ouverture formelle cette semaine d'une deuxième procédure de destitution contre le président américain. Un vote en séance plénière pour adopter cet acte d'accusation pourrait être organisé dès le 12 janvier à la Chambre. 

En parallèle, ils ont demandé l'adoption à l'unanimité d'une résolution appelant le vice-président Mike Pence à démettre le président de ses fonctions, en invoquant le 25e amendement de la Constitution américaine. Cela consisterait pour celui-ci et les principaux ministres à constater l'inaptitude du président à exercer sa fonction. Un républicain s'est opposé à l'adoption à l'unanimité de cette résolution. Un vote en séance plénière devrait avoir lieu dès le 12 janvier à la Chambre. 

Nancy Pelosi vent debout contre le président sortant

La «complicité» des républicains «met en danger l'Amérique, sape notre démocratie et cela doit cesser», a tonné dans un communiqué la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, après cette objection. Elle a de nouveau accusé Donald Trump d'avoir «incité une insurrection meurtrière contre l'Amérique» lors des violences du 6 janvier au Capitole. La présidente a réitéré son ultimatum à Mike Pence de répondre «sous 24 heures» à l'injonction de la Chambre, une fois qu'elle aura adopté la résolution l'exhortant à activer le 25e amendement. 

«Notre prochaine étape consistera à avancer vers un vote dans l'hémicycle» sur l'acte d'accusation, a-t-elle poursuivi avant d'ajouter : «La menace que le président Trump fait peser sur l'Amérique est urgente, et nos actes le seront aussi».   

Soutenu par un vaste nombre de démocrates à la Chambre, l'acte d'accusation devrait être facilement adopté. Mais le doute demeure sur le déroulement, et l'issue, du procès qui devra ensuite avoir lieu au Sénat, aujourd'hui à majorité républicaine. Les démocrates en prendront le contrôle le 20 janvier mais auront besoin du ralliement de nombreux républicains pour atteindre la majorité des deux tiers nécessaire à sa condamnation. 

il continuera à constituer une menace à la sécurité nationale, la démocratie et la Constitution s'il est autorisé à rester en fonctions

«Je m'attends à ce que des républicains soutiennent la résolution» contenant l'acte d'accusation à la Chambre, a affirmé le 11 janvier aux journalistes l'un de ses auteurs, l'élu démocrate David Cicilline. Les violences au Capitole relèvent d'une «tentative de coup d'Etat», a-t-il affirmé.

Selon cet acte, Donald Trump a encouragé ses partisans à marcher sur le Capitole où Mike Pence, tenu par la Constitution, annonçait solennellement les résultats de l'élection présidentielle du 3 novembre. Une victoire de Joe Biden que Donald Trump n'a jamais voulu accepter. Donald Trump «a incité le violences» et «a gravement mis en danger la sécurité des Etats-Unis», est-il indiqué dans l'acte d'accusation.  Avec «sa conduite, [le président sortant] a démontré qu'il continuera à constituer une menace à la sécurité nationale, la démocratie et la Constitution s'il est autorisé à rester en fonctions», poursuivent ses auteurs. 

Donald Trump au Texas le 12 janvier 

Quelques élus républicains ont sommé le 10 janvier Donald Trump de démissionner pour épargner au pays les complexités de la procédure d'impeachment comme du 25e amendement. Longtemps fidèle du milliardaire républicain, Mike Pence n'a plus de contacts avec lui depuis les incidents du Capitole. Mais il n'a montré jusqu'ici aucune volonté de déclencher ce dispositif.

Isolé à la Maison Blanche, évincé de Twitter et des autres grands réseaux sociaux, Donald Trump pourrait s'exprimer le 11 janvier, selon la chaîne CBS. Et il prévoit un déplacement le 12 janvier au Texas pour vanter sa politique d'immigration et la construction du mur frontalier avec le Mexique.

Le président élu démocrate Joe Biden prêtera serment le 20 janvier sur les marches du Capitole. Il s'entourera ensuite de ses prédécesseurs Barack Obama, Bill Clinton et George W. Bush au cimetière national d'Arlington pour lancer un appel à l'unité. Le Capitole, siège du Congrès américain, était protégé le 11 janvier par des barrières et des membres de la Garde nationale patrouillaient à l'intérieur.