France

Vaccins livrés en priorité aux Ehpad : Martin Blachier s'offusque, levée de boucliers sur Twitter

Martin Blachier, épidémiologiste habitué des plateaux TV depuis le début de la pandémie, a créé la polémique après avoir pointé du doigt le fait que les premières doses de vaccins soient réservées aux Ehpad, «où les gens attendent la mort».

Le 7 janvier sur Cnews, le médiatique épidémiologiste Martin Blachier a créé la controverse sur les réseaux sociaux après avoir tenu des déclarations sur la vaccination en Ehpad.

«Il y a quand même eu un symbole», dit-il en introduction avant de poursuivre : «Les premières doses de vaccin que vous recevez, vous les réservez aux Ehpad. Moi il y a quand même quelque chose qui me chiffonne.» 

Et de filer son raisonnement : «On a des doses de vaccins. On a peut-être a des gens qui ont 50, 60 ans, qui sont polypathologiques, qui ont peut-être 30 ans d'espérance de vie. Et toutes les doses de ce précieux vaccin, on les met dans les Ehpad où, honnêtement, les gens, [...] attendent la mort.»

Loin de s'écarter de cette thèse malgré les premières réactions en plateau, il confesse qu'«à un moment, il faut dire les choses».

Dans une deuxième tirade, Martin Blachier persiste et signe : «On a l'impression que, maintenant, le décès est devenu un mot qui est interdit. Je ne pense pas que le meilleur choix c'était d'abord de vacciner des gens qui sont dans les Ehpad parce que je pense qu'au nombre d'années de vie, vous optimisez en vaccinant des gens qui sont un petit peu plus jeunes et qui ne sont pas dans ces conditions-là.» 

Des déclarations qui ont fait bondir nombre de commentateurs sur Twitter, à l'image du médecin et président du syndicat Union pour une médecine libre (UFML-syndicat), Jérôme Marty. Il estime ainsi que Martin Blachier n'est «pas médecin» , et que «depuis le début de la crise», il «vend des courbes». «Reste dans ton domaine de compétence, ne viens pas sur le terrain de l’éthique, tu es là en terre inconnue et tu y es à poil !», a-t-il tempêté.

L'avocat Jean-Pierre Mignard considère pour sa part Martin Blachier comme «l’exemple de la médecine non-humaniste». «Il raisonne en termes de modèles d’utilité sociale d’espérance de vie», ajoute-t-il. «Une forme d’eugénisme. Avec beaucoup de contradictions. S’en rend-il même compte ?», s'interroge ce membre du Comité consultatif national d'éthique.

La députée La République en marche des Yvelines Aurore Bergé cible elle aussi le discours de Martin Blachier : «Nous faisons le choix de protéger d'abord ceux dont les vies sont les plus en danger, ceux qui sont les plus vulnérables. C'est un choix éthique, légitime, qui nous honore. Ne vous en déplaise vous qui n'avez aucune considération pour "ceux qui attendent la mort".»

«Au secours», a commenté de son côté une autre députée macroniste, Coralie Dubost : «Un sage pour expliquer à ce “pragmatique” que l’humanisme & la solidarité ne sont PAS un calcul mathématique, ni une question de "rentabilité" de durée de vie ?», a-t-elle interrogé sur le réseau social

La députée de La France insoumise Caroline Fiat exige pour sa part des excuses de la part de Martin Blachier, qualifiant ses propos d'«inadmissibles venant d’un médecin en santé publique».

L'ancienne ministre socialiste Michèle Delaunay fait remarquer que «les résidents d’Ehpad n’attendent pas la mort», puis s'adressant à Martin Blachier : «Juste comme vous, ils craignent [la mort] mais contrairement à vous, s’ils sont contaminés ils la risquent avec une forte probabilité.»