France

L'éboueur guyanais cité par Macron lors de ses vœux n'aurait pas touché la «prime Covid»

Jean-Luc, l'éboueur de Guyane cité par Emmanuel Macron lors de ses vœux aux Français pour 2021, a déclaré ne pas avoir touché la «prime Covid». Une gratification exceptionnelle mise en place en mars dernier mais qui n'est pas obligatoire.

Le 31 décembre, lors ses vœux aux Français pour 2021, Emmanuel Macron a cité des «parcours exemplaires» en cette période d'épidémie. Entre Marie-Corentine l'infirmière et Gérald l'entrepreneur, le président de la République a cité Jean-Luc, chauffeur-éboueur en Guyane. Or, ce dernier affirme ne pas avoir reçu la «prime Covid» prévue pour les travailleurs les plus fortement sollicités lors du premier confinement. 

Jean-Luc Samos, 49 ans, originaire de Guadeloupe, est chauffeur-éboueur en Guyane depuis 17 ans. «Avec ses collègues Anthony et Maxime, ils n’ont jamais cessé de travailler depuis le début de la pandémie. Au plus fort du confinement, ils constituaient cette "deuxième ligne" qui a permis au pays de continuer à vivre, et à la vie de continuer», selon les mots prononcé par Emmanuel lors de son allocution télévisée, lors de laquelle il a souhaité rendre hommage aux «visages de l'espérance», aux «milliers d’anonymes qui, engagés et solidaires, ont tenu notre pays dans l’épreuve».

Dès le lendemain de ce discours de vœux, Guyane La Première a retrouvé Jean-Luc Samos dans son quartier de Balata, à Matoury, une banlieue résidentielle de Cayenne. Il s'est alors exprimé auprès de la chaîne de télévision en ces termes : «Les primes de 1000 euros que vous avez mises en ligne et qu'on devait toucher, je n'ai jamais touché ça. J'ai toujours assuré le service minimum. J'estime que mon équipe et moi, on devrait avoir ces primes-là. Je ne pense pas que ce soit une montagne pour vous !»

Une prime encouragée, mais pas obligatoire

La prime dont parle Jean-Luc Samos est la «prime Covid», une gratification exceptionnelle promise aux soignants et aux fonctionnaires par Emmanuel Macron au début de l'épidémie, en mars 2020. Le cas de Jean-Luc Samos relève d'un décret pris par le Premier ministre le 14 mai permettant «aux employeurs de l’Etat et des collectivités territoriales de verser une prime exceptionnelle aux personnels ayant été soumis à des sujétions exceptionnelles dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19 pour assurer la continuité des services publics». Cette prime est exonérée des contributions sociales et de l’impôt sur le revenu et ne peut dépasser 1000 euros.

Jean-Luc Samos et ses collègues sont donc éligibles à cette prime, mais leur employeur – la mairie ou la métropole gérant la collecte des déchets – doit y consentir et est libre d'en fixer le montant,  comme le rappelle Libération. Cette prime est donc une possibilité, mais pas une obligation. 

Une situation qui crée une inégalité entre les travailleurs concernés, selon qu'ils dépendent d'une collectivité plus ou moins riche ou généreuse. Le secteur privé n'est quant à lui pas concerné par ce décret, mais les employeurs sont libres de verser cette prime – avec le même problème d'iniquité entre les employés. Selon France Info, plus de 5 millions de salariés auraient bénéficié en 2020 d'une prime d'un montant moyen de 458 €.