Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a fait état ce 2 janvier dans un tweet de «plus de 1600 verbalisations, garde-à-vues, des saisies de matériels et groupe électrogène», lors de la rave party illégale de Lieuron, en Bretagne, qui durait depuis le soir du 31 décembre.
Le locataire de la Place Bauveau avait signalé plus tôt dans la journée qu'un camion, du matériel de son et des générateurs avaient également été saisis sur place et qu'une enquête se poursuivait.
Le ministre de l'Intérieur avait également assuré que «les forces de sécurité intérieure, nombreuses cette nuit» à sa demande et «les contrôles intensifs mis en place» avaient conduit à l’arrêt sans violence de la fête clandestine.
Selon un communiqué du procureur de la République de Rennes Philippe Astruc, «les éléments recueillis ont permis de confirmer le caractère payant de la manifestation sous la forme d'une contribution et la présence importante de produits stupéfiants à l'occasion de cet évènement.»
Dans le même temps, l'AFP avait appris auprès de la préfecture d'Ille-et-Vilaine que le son de la rave party sauvage avait été interrompu et que des fêtards commençaient à quitter les lieux. «Il n'y a pas eu d'intervention des forces de l'ordre», précisait la préfecture, selon une dépêche de l'AFP de 9h, évoquant une «interruption du son» sans écarter la possibilité d'une reprise de la musique.
D'après notre reporter Charles Baudry, de nombreux fêtards avaient commencé à quitter les lieux vers 5h30 ce 2 janvier.
Un journaliste de l'AFP a constaté dans la matinée qu'environ la moitié du parking où s'étaient garés les fêtards était vide.
Une fête ayant commencé le 31 décembre
Depuis le 31 décembre, quelque 2 500 personnes venues de toute la France et de l'étranger – selon un communiqué de la préfecture d'Ille-et-Vilaine – participaient à une fête sauvage dans un hangar désaffecté situé sur la commune de Lieuron, au sud de Rennes. En dépit d'un arrêté préfectoral ayant pourtant interdit ce type d'événements.
Les gendarmes ont tenté de s'opposer à l'installation de cette fête le 31 décembre au soir, mais «ont fait face à la violente hostilité de nombreux teufeurs», selon la préfecture. «Un véhicule de la gendarmerie a été incendié, trois autres dégradés et les militaires ont essuyé des jets de bouteilles et de pierres, occasionnant des blessures légères», précise cette source.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait convoqué dans la soirée du 1er janvier à Beauvau une réunion sur la rave party avec le préfet et des membres du cabinet. Le ministre avait précisé sur son compte Twitter avoir donné l'instruction dès le 31 décembre à 22h d'interdire aux véhicules l'accès au lieu de la fête sauvage. Dans la foulée, Gérald Darmanin avait assuré travailler avec les gendarmes au «rétablissement d’une situation normale en permettant au maximum l’intégrité physique de tous».
Pour autant, la rave party s'est poursuivie au cours de la nuit du 1er au 2 janvier.
Un rassemblement qui indigne de LREM au RN
La présidente du Rassemblement national et députée du Pas-de-Calais Marine Le Pen a réagi sur Twitter à cet épisode. Elle a estimé, dans la soirée du 1er janvier, que le gouvernement avait été «dépassé par une simple rave party» et qu'il n’avait «plus aucun contrôle de ce qui se passe en France». Elle a déploré un «inquiétant effondrement de l’autorité de l’Etat comme de son organisation».
Le président de Debout la France et député de l'Essonne Nicolas Dupont-Aignan s'est indigné que le gouvernement ait «laiss[é] se poursuivre en toute impunité» la rave party de Lieuron «pendant qu’un couvre-feu liberticide enferme nos concitoyens à partir de 18h dans 15 de nos départements».
Maire Les Républicains de la Baule et conseiller régional des Pays de la Loire, Franck Louvrier a quant à lui déclaré sur BFM TV que «ces jeunes rebelles insult[aient] les personnels soignants» et qu'il fallait que «rien ne reste impuni» dans cet événement qui revêt selon lui un enjeu politique, d'ordre public et sanitaire.
Du côté de la majorité, le député LREM d'Ille-et-Vilaine Florian Bachelier a affirmé dans la soirée du 1er janvier : «Ce rassemblement de zadistes fait honte à notre pays, à nos soignants mobilisés depuis des mois, à nos morts.» «L’Etat doit rétablir l’ordre public immédiatement», concluait-il son tweet.
Selon la préfecture, le parquet a ouvert une enquête pour «organisation illicite d’un rassemblement festif à caractère musical», «violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique», «dégradation du bien d’autrui en réunion» ou encore «travail dissimulé», «tenue illicite d’un débit de boissons» et «infractions à la législation sur les stupéfiants et notamment la facilitation de l’usage».