France

En Ile-de-France, les hôtels toujours plus mobilisés pour l'hébergement des sans-abri

Le Parisien met en lumière l'utilisation croissante des hôtels en Ile-de-France pour accueillir les sans-abri, face à un manque de places en hébergements d'urgence et en logements sociaux. Ce dispositif coûterait 1 million d'euros par nuit à l'Etat.

Selon la préfecture de région citée par Le Parisien le 31 décembre, sur les «130 000 places ouvertes en Ile-de-France chaque nuit pour les sans-abri», environ 53 000 sont des chambres d'hôtel – soit plus de 40% de l'hébergement d'urgence. La note globale auprès des 643 hôtels concernés s'élève à environ un million d'euros par nuit pour l'Etat, selon les informations relayées par le quotidienCe phénomène, qui a gagné en ampleur ces dernières années, serait dû à un parc social et à des places en centres d'hébergement d'urgence qui n'augmentent pas en proportion de la demande.

Un rapport du Sénat publié en juin 2019 décrivait la situation en ces termes : «Pour répondre à la demande croissante d'hébergement d'urgence qui s'est manifestée depuis plusieurs années, et face à la saturation des structures d'accueil, le recours à la réservation de nuitées d'hôtel s'est significativement développé : les places à l'hôtel, qui se sont élevées à 48 706 en 2018, représentent un tiers de la capacité d'hébergement généraliste. Elles sont concentrées en Ile-de-France où 40 000 nuitées sont réservées chaque jour».

Or, la demande a augmenté depuis : «Au 26 octobre 2020, le nombre total de nuitées hôtelières s'élevait à 53 545 en Île-de-France», selon la préfecture de région citée par Le Parisien. Elle précise que le coût moyen d'une nuitée est de 21 euros à Paris, et de 18 euros dans le reste de la région. La note globale réglée par l'Etat s'élève donc à près d'un million d'euros chaque nuit, soit plus de 300 millions d'euros par an.

Un phénomène antérieur à la crise sanitaire

Dans leur rapport, les sénateurs déclarent également que «compte tenu de la forte demande et des difficultés d'accueillir concomitamment le public touristique et celui de l'hébergement d'urgence, certains hôtels se sont spécialisés dans l'hébergement d'urgence». Ce phénomène de mise à disposition de leurs chambres par certains hôtels s'est encore amplifié depuis la crise liée au Covid-19, l'absence de touristes ayant laissé vides de très nombreuses chambres.

En 2018, déjà, le Croix rouge notait sur son site : «Nous sommes loin du dispositif d’extrême urgence créé il y a une quinzaine d’années par l’Etat pour mettre à l’abri des personnes à la rue. Le système est arrivé à saturation. Aujourd’hui, ce sont plusieurs milliers de ménages sans logement qui sont chaque jour orientés par les 115 d’Ile-de-France vers des hôtels disséminés dans toute la région.»

En mars 2020, le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales annonçait la mobilisation de «2 000 places d’hôtels supplémentaires dans toute la France» afin de mettre à l’abri les plus démunis. «En Ile-de-France, l’hôtel CISP Kellermann doté de 170 chambres et situé dans le XIIIe arrondissement de Paris a été réquisitionné par la préfecture de région», écrivait notamment le ministère, cité par l'AFP.

Le 20 novembre dernier, le gouvernement déclarait avoir conclu un accord avec l'Umih, principale organisation de l'hôtellerie, pour l'hébergement dans des hôtels de personnes sans-abri dans le contexte de la crise sanitaire, un dispositif qui avait déjà été activé lors du premier confinement.

Le Parisien rapporte que, pour tenter de faire baisser la facture liée à ce phénomène, l'Etat a racheté en 2017, via la SNI (Société nationale immobilière), 62 hôtels F1 (ex-Formule 1) au groupe Accor, dont une quinzaine en Ile-de-France. Un investissement qui vient suppléer un déficit d'investissement dans les logements sociaux : 21 000 ont été construits en Ile-de-France en 2020, contre 28 600 en 2019.