France

Survivaliste, armé jusqu'aux dents : le profil du meurtrier du Puy-de-Dôme se précise

Retrouvé mort après avoir tué trois gendarmes et blessé un quatrième, le forcené de Saint-Just (Puy-de-Dôme) était armé d'un glock et d'un fusil d'assaut AR15 et d'équipements de combat faisant de lui un adversaire particulièrement redoutable.

«Une véritable scène de guerre»: trois gendarmes ont été tués et un quatrième blessé dans la nuit de du 22 au 23 décembre à Saint-Just (Puy-de Dôme) alors qu'ils intervenaient pour porter secours à une femme menacée par son compagnon, découvert mort quelques heures plus tard près de son véhicule.

«Des centaines et des centaines de douilles» ont été retrouvées près du domicile incendié du couple, dans le hameau isolé du Cros, selon le procureur de la République de Clermont-Ferrand Éric Maillaud qui s'exprimait devant la presse.

Hors terrorisme, «c'est l'un des événements les plus tragiques» de l'histoire de la gendarmerie, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, venu sur place apporter son soutien aux camarades des victimes, à leurs veuves et aux quatre enfants désormais orphelins de père.

Les militaires, qui appartenaient à la compagnie d’Ambert, ont été blessés mortellement alors qu’ils tentaient de secourir cette femme réfugiée sur le toit de sa maison après avoir été frappée à la tête par son compagnon. 

C'est elle qui a alerté les secours, via une amie, à 20h52, alors qu'elle était sans ses deux filles, nées d'une précédente union.

Éric Maillaud a expliqué que la chronologie des faits était loin d'être établie. Une première patrouille dépêchée sur place aurait distingué une arme et demandé des renforts. Le tireur incendie ensuite sa maison. Dès lors, la priorité est «de sauver une femme des flammes et d'un conjoint potentiellement violent», selon le magistrat.

Le forcené aurait ouvert le feu sans menaces préalables envers les gendarmes, dont on ne sait pas encore dans quel ordre ils ont été touchés.

Des «circonstances particulièrement ignobles»

Les victimes sont le brigadier Arno Mavel (21 ans), le lieutenant Cyrille Morel (45 ans) et l'adjudant Rémi Dupuis (37 ans). Ils sont morts «dans des circonstances particulièrement ignobles», a dénoncé Gérald Darmanin.

Un quatrième militaire a survécu, sauvé par son gilet pare-balles. Après quelques soins à l'hôpital, il a souhaité retrouver sa brigade.

Il y a toutes les raisons de penser qu'il s’est suicidé

Le meurtrier faisait du tir sportif, disposait d'un Glock et d'un fusil d'assaut AR15 équipé d'un silencieux, d'une torche et d'une visée laser. Il portait un gilet pare-balles et quatre couteaux à la ceinture.

Cet homme au profil «très inquiétant» était «catholique, très pratiquant, voire extrémiste. Survivaliste. Il semblerait qu'il était convaincu de la fin du monde prochaine», selon Éric Maillaud.

Un très important dispositif avait été déployé dans la nuit pour tenter d'appréhender le suspect qui avait pris la fuite au volant de sa voiture. 

Le corps de Frédérik L. a finalement été découvert dans la matinée à proximité de son 4x4 renversé, à environ 1,5 kilomètre de son domicile. «Il y a toutes les raisons de penser qu'il s’est suicidé», a affirmé le procureur.

«Informé toute la nuit» par le ministre de l'Intérieur, le président Emmanuel Macron a rapidement rendu hommage aux trois gendarmes tués. «Nos héros», a-t-il dit.

Le Premier ministre Jean Castex a également salué la mémoire des trois militaires, en soulignant que ce drame «endeuill[ait] le pays tout entier».

Très choquée, la compagne du tireur est hospitalisée et n'a pu être interrogée par les enquêteurs. Elle était en couple depuis peu avec le tireur, qui suivait une formation d'élagueur après avoir travaillé un temps à Dubaï. Le parquet n'était pas informé de l'existence de violences familiales.

En revanche, Frédérik L. était en litige avec sa précédente épouse, pour des raisons de non-paiement de pension alimentaire et de garde de leur fille de sept ans.

Le GIGN est arrivé sur place vers 2h30, renforcé par des éléments venus de Dijon.

Le village de Saint-Just, lieu du drame, est particulièrement isolé, se trouvant dans une zone de moyenne montagne et ne comptant que 157 habitants.

Hors faits de terrorisme, les agressions à l'arme à feu contre des forces de l'ordre sont relativement rares en France. En juin 2012 deux femmes gendarmes avait été tuées à Collobrières (Var) lors d'une intervention pour un conflit de voisinage. Et en mai, un forcené retranché chez lui à Saint-Christoly-Médoc (Gironde) avait tiré avec un fusil sur les gendarmes, blessant légèrement l'un d'entre eux. 

Depuis le début de l'année, 11 policiers et gendarmes sont morts dans l'exercice de leurs fonctions, selon Gérald Darmanin.