France

Jakubowicz s'exprime sur la polémique Miss France et compare Twitter à «un virus»

Alain Jakubowicz, président d'honneur de la LICRA, s'indigne des propos antisémites qui ont visé la dauphine de Miss France. Il pointe la responsabilité de Twitter et appelle à y instaurer une véritable modération.

Le président d’honneur de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) Alain Jakubowicz, invité sur le plateau d'Apolline de Malherbe sur RMC découverte le 22 décembre, s’est exprimé sur les propos antisémites qui ont visé la première dauphine de Miss France en raison de ses origines israéliennes. «On a l’impression que c’est un éternel recommencement, c’est devenu quelque chose de quasiment naturel», a-t-il déclaré.

La jeune femme concernée, April Benayoum, a en effet été le 19 décembre, jour du concours Miss France, la cible de nombreux commentaires injurieux sur Twitter. Dans son portrait en début d’émission, elle expliquait : «J'ai moi-même des origines assez variées. Ma mère est serbe-croate et mon père israélien-italien.» Dans les messages publiés, certains internautes pointent les origines israéliennes de la jeune femme : «Je boycotte en fait tfou, Israël ?», «Israélienne ? Mdr dégage», ou encore «Elle est israélienne donc celui qui vote pour elle sa mère c’est une pute», ou encore «Tonton hitler ta oublier d’exterminer miss Provence» (sic).

Alain Jakubowicz s’indigne : «Si cette jeune fille n’avait pas été dauphine ou même lauréate ou candidate à Miss France, est-ce-qu’on en aurait parlé ? Vous savez, des April Benayoum il y en a des centaines tous les jours en France dans la plus grande indifférence générale». Il défend qu’il est urgent de «trouver d’autres solutions» pour faire cesser le racisme et l’antisémitisme.

L'avocat pointe la responsabilité des réseaux sociaux, un «amplificateur à l’échelle de la planète, ou en tout cas de notre pays», où «les saloperies qui sont proférées» se «diffusent comme un virus» et «excitent d’autres personnes […] C’est  devenu viral. Voilà, c’est un virus. Mais Twitter, ce grand café du commerce il n’est pas confiné. Il continue malgré le virus et il diffuse d’autres virus».

Il affirme que la LICRA a «actuellement des relations avec Twitter» et martèle que «la diffusion de la haine est un modèle économique sur Twitter». Il craint qu'il soit impossible de bannir les attaques racistes et antisémites autrement que par «des mesures de force et de rétorsion». Enfin, il exige l’instauration d’une «véritable modération».

Il souligne que tout cela est possible «techniquement» mais que «c’est une question de moyens» et que d’autres réseaux ont déjà mis en place des mesures de contrôle. «Sur certains réseaux sociaux, vous montrez la pointe d’un sein, d’une poitrine d’une femme, instantanément c'est supprimé. En revanche, si vous dites "Miss Provence Hitler l’a oubliée il aurait dû l’exterminer", ça passe». Mais la modération «coûte cher, effectivement il faut beaucoup de moyens humains [...] de moyens financiers, effectivement ça fait gagner beaucoup moins d’argent».

Enquête pour «injures à caractère raciste et provocation à la haine raciale»

A propos de cette affaire, une enquête pour «injures à caractère raciste et provocation à la haine raciale» a été ouverte le 21 décembre 2020. April Benayoum s’est exprimée dans le quotidien La Provence, disant regretter «qu'on en soit encore là en 2020, il faut se mobiliser pour que cela s'arrête». «Je n'ai pas cherché à provoquer qui que ce soit, la France est un pays cosmopolite, les Miss viennent d’origines différentes, de cultures différentes, de régions différentes et c'est ce qui est beau dans cette compétition».

Interrogée le 21 décembre sur BFMTV, April Benayoum annonce qu'elle porte plainte. «Rassurée» par l’ouverture d’une enquête judiciaire, Sylvie Tellier, la présidente du Comité Miss France, a a rappelé que la «poignée de personnes» dont les propos ont visé April Benayoum n'était «pas du tout le reflet» de la France.