Dans un article publié ce 20 décembre, Le Parisien révèle que le territoire français compterait actuellement pas mois de 3 952 points de ventes de drogue (cannabis et/ou cocaïne). «On considère qu'il s'agit d'un point de deal dès lors qu'un lieu de vente de produits stupéfiants est installé sur la voie publique et que la présence des dealers est quotidienne», explique une source proche du dossier citée par le quotidien francilien.
Ce nombre impressionnant est le résultat d'une demande exprimée cet été par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin aux policiers et gendarmes, qui «ont ainsi fait remonter aux 103 cellules du renseignement opérationnel sur les stupéfiants (Cross) les informations sur les supermarchés et supérettes de la drogue situés dans leur département», d'après Le Parisien.
La Seine-Saint-Denis en tête, devant le Rhône et le Nord
Sans surprise, ce sont dans les grands centres urbains que se concentrent la majorité des points de deal. Si la Seine-Saint-Denis est le département où le trafic de drogue est le plus intense avec 276 points de ventes recensés, les départements du Rhône et du Nord complètent le podium avec respectivement 255 et 251 points de deal. «Dans les grandes métropoles, la clientèle est importante et la drogue est l'activité criminelle la plus rémunératrice. Le trafic fait vivre beaucoup de monde et un point de deal peut générer jusqu'à 50 000 euros par jour», précise un policier spécialisé cité par le journal. A l'inverse, aucun point de vente n'a été répertorié par les forces de l'ordre dans les départements de la Lozère et des Hautes-Alpes.
La présence d'autant de points de deal sur le territoire français remet par ailleurs en question les différentes politiques, parfois très coûteuses, menées au fil des mandats présidentiels et des ministres de l'Intérieur pour tenter d'éradiquer le trafic de drogue. «Les points de deal constituent une appropriation insupportable de l'espace public. Les opérations coup de poing sont utiles et perturbent les trafiquants, mais si c'est pour qu'un point de deal se réimplante au même endroit trois jours plus tard, cela ne sert à rien. La lutte contre les stupéfiants doit redonner de la sérénité à de nombreux habitants, qui subissent ces dealers, et faire baisser la délinquance en général», a fait savoir le ministère de l'Intérieur cité par Le Parisien.
Enfin, plusieurs «policiers de haut niveau», interrogés par le quotidien francilien, se sont montrés sceptiques vis-à-vis de cet instrument statistique comparé à un «outil technocratique». Certains d'entre eux semblent même douter «de la méthodologie et des chiffres», ainsi que d'un possible retour de la politique du chiffre. «Pour lutter contre les stupéfiants, on ne doit pas avoir une approche quantitative, mais qualitative», estime le patron d'un service d'enquête cité par Le Parisien.
Et d'ajouter : «Si on s'amuse à faire tomber des petits réseaux pour faire du chiffre, ça va renforcer les plus gros. Entre un petit point de deal qui rapporte 5 000 ou 10 000 euros par semaine et des poids lourds qui amassent 50 000 euros par jour, possèdent des armes et n'hésitent pas à s'en servir, les enjeux ne sont pas les mêmes. Dans la lutte contre la drogue, les chiffres ne peuvent pas tout dire.»