La militante et éditorialiste habituée des plateaux TV Rokhaya Diallo a fait part de son indignation après la découverte d'un ancien extrait de Sud Radio.
Le 22 octobre, une certaine «Barbara» de Carcassonne avait estimé à l'antenne de Sud Radio que Rokhaya Diallo devait ses diplômes et sa notoriété à l'«éducation et l'ouverture d'esprit de notre pays». Et à l'auditrice de se livrer à un douteux exposé de ce que serait supposément la vie de l'éditorialiste d'origine sénégalaise et gambienne sans la France :«Elle serait en Afrique avec 30 kilogrammes de plus, 15 gosses, en train de piller le mil par terre et d’attendre que Monsieur lui donne son tour entre les quatre autres épouses», a-t-elle notamment déclaré.
Quelle immonde bande d’individus haineux en roue libre
«Non mais il suffit de dire que Rokhaya Diallo comme vous l'avez dit a eu de la chance quand même d'être en France et d'avoir une vraie liberté d'expression», a immédiatement recadré l'animateur Philippe Rossi.
«Attention Danièle Obono va vous tomber dessus», a par ailleurs ironisé l'ancien magistrat Philippe Bilger présent sur le plateau de la station de radio, évoquant la députée La France insoumise.
«Quelle immonde bande d’individus haineux en roue libre», a réagi le 20 décembre l'éditorialiste, à qui l'extrait avait semble-t-il échappé lors de sa diffusion en octobre. «Ces propos traduisent un mélange de mépris de "l’Afrique" (comme s’il s’agit d’un pays !) et de négation de la légitimité politique des non Blanc.he.s en France (+grossophobie)», a-t-elle développé, appelant à un signalement auprès du CSA.
La polémique enflant, le journaliste de Sud Radio Philippe Rossi a présenté ses excuses à Rokhaya Diallo : «Jamais Sud Radio ne crédite et ne peut cautionner ce genre de discours à l’encontre de nos valeurs», a-t-il notamment déclaré. L'intéressée a dit sur le même réseau social qu'elle acceptait les excuses du journaliste.
Rokhaya Diallo a été soutenue par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot qui a annoncé le 20 décembre sur Twitter avoir alerté le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) «à la suite des propos abjects prononcés à l’encontre de madame Rokhaya Diallo [...] L’examen de cette séquence est indispensable. Les propos racistes n’ont pas leur place sur nos antennes», a-t-elle précisé.
Le parcours de madame Diallo prouve qu’elle n’est pas victime de racisme d’Etat, ni de racisme tout court
Le magistrat Philippe Bilger a souligné le lendemain le fait que l’animateur de Sud Radio s’était excusé. Il a qualifié la station de radio de «très respectueuse de la liberté, consciente de ses possibles dérives», et a assuré qu’elle serait «encore plus vigilante à l’avenir pour les prévenir».
«Je ne vois pas la moindre trace de regret dans votre tweet», lui a rétorqué la militante sur Twitter.
La chroniqueuse et écrivain Céline Pina, pointée du doigt par des internautes pour avoir semblé acquiescer aux propos de l'auditrice à l'antenne, a répondu dans un long message que les «racialistes et islamistes» qui voudraient la voir disparaître du «paysage médiatico-politique» tentaient de «lancer un scandale».
Céline Pina a déclaré : «le parcours de Mme Diallo prouve qu’elle n’est pas victime de racisme d’Etat, ni de racisme tout court dans la poursuite de ses ambitions». Elle lui reproche en outre d’être une «entrepreneuse identitaire qui instrumentalise le racisme pour servir son ascension sociale».
Elle a cependant reconnu que l’auditrice ayant tenu les propos sur Rokhaya Diallo «ne tape pas toujours très haut» et qu'elle s'exprimait «sans aucune élégance, en utilisant des clichés assez rances». «Après, elle utilise les mêmes méthodes que Mme Diallo», a-t-elle estimé.
Céline Pina a par ailleurs déclaré que l'exhumation de cet extrait vieux de plusieurs semaines avait pour objectif de «contrecarrer le scandale suscité par la violente tempête antisémite qui s'est abattue sur miss Provence ce dimanche sur les réseaux».
Le passage de Sud Radio mis en cause avait pour titre : «Diallo, Bruckner : les indigénistes ont-ils une part de responsabilité dans les attentats ?»
La militante aux thèses controversées avait effectivement pris part à un débat houleux en octobre avec l'écrivain Pascal Bruckner qui l'avait accusée d'avoir «entraîné, avec d’autres, la mort des douze de Charlie Hebdo», en cosignant une tribune en 2011 «pour la défense de la liberté d’expression, contre le soutien à Charlie Hebdo», alors que le journal avait fait l'objet d'une attaque au cocktail molotov qui n'avait pas fait de victime.
Quelques jours plus tard, elle avait annoncé qu'elle portait plainte contre Pascal Bruckner pour «cette grave diffamation».