Le producteur de musique Michel Zecler, violemment interpellé par des policiers le 21 novembre 2020 dans son studio d’enregistrement du XVIIe arrondissement de Paris, va voir son préjudice physique et psychologique «fortement réévalué», a fait savoir le 18 décembre son avocate à l’AFP. Celle-ci sortait d’une audition devant les juges chargés de l’enquête.
«On s'oriente vers plus de 180 jours d'ITT (incapacité temporaire de travail)», a affirmé Caroline Toby, «compte tenu de ses séquelles physiques et du retentissement psychologique constatés par ses médecins», dont elle a remis les certificats aux magistrats instructeurs.
L'avocate précise également que le «tendon» du biceps gauche de Michel Zecler «a été sectionné et a dû être refixé avec une broche en titane qu'il gardera à vie». Une blessure qui n'avait pas été constatée immédiatement après les faits.
Le jour de son passage à tabac, Michel Zecler avait été placé en garde à vue, mais une vidéo du média Loopsider avait révélé les violences subies. Le service d’Unité médico-judiciaire (UMJ) lui avait alors accordé six jours d’ITT.
Trois heures d'audition
Les quatre policiers étaient mis en examen dans la nuit du 29 au 30 novembre. Le procureur de Paris avait annoncé qu'une expertise judiciaire devrait réévaluer l’incapacité temporaire de travail, utilisée devant les juridictions pénales pour déterminer la gravité des faits, et au civil pour fixer le montant des dommages et intérêts.
L’audition du 18 décembre a duré plus de trois heures. Les trois juges chargés de l’enquête étaient présents, ce qui «a permis de confirmer qu'il a subi des violences illégitimes dans un lieu privé, accompagnées de propos racistes», a estimé Caroline Toby. «Sans cette caméra» de surveillance de son studio de musique, «M. Zecler serait aujourd'hui en prison et non pas ici au tribunal comme victime. C'est une situation très difficile à vivre», a ajouté l’avocate.
Conformément aux réquisitions du parquet de Paris annoncées par le procureur de la République Rémy Heitz, le 29 novembre, trois des agents de police sont mis en examen pour «violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique (PDAP)» et «faux en écriture publique». Le policier soupçonné d'avoir lancé la grenade lacrymogène dans le studio de musique du XVIIe arrondissement de Paris, où se sont produits les faits, a pour sa part été mis en examen plus tôt dans la soirée du 29 novembre, principalement pour des «violences volontaires» par personne dépositaire de l'ordre public sur Michel Zecler et les neuf jeunes présents dans le sous-sol du studio.