France

«Acte IV» : des sans-papiers manifestent à l'occasion de la journée internationale des migrants

Des sans-papiers manifestent en France ce 18 décembre, date de la journée internationale des migrants. Ces travailleurs clandestins estiment notamment occuper des postes essentiels pendant la crise sanitaire et réclament des régularisations.

Vendredi 18 décembre

A Paris, plus d'un millier de sans-papiers, essentiellement originaires d'Afrique, ont entamé leur manifestation dans le calme vers 18h30 dans le centre de Paris, encadrés par un très important dispositif policier, a constaté un journaliste de l'AFP.

Un important dispositif des forces de l’ordre encadre le cortège de «la marche des solidarités».

Charles Baudry rappelle que le parcours initial, de l’Opéra jusqu’à Hôtel de Ville, a été interdit par la Préfecture car «incompatible avec l’activité des commerces en pleine période d’achats de Noël».

Un autre reporter de RT France présent à la manifestation parisienne a pu filmer le départ du cortège. 

Un reporter de RT France est présent à la manifestation des sans-papiers à Paris. On peut constater sur ses images que le rassemblement se fait en musique. 

A l'occasion de la journée internationale des migrants, des sans-papiers manifestent dans une cinquantaine de villes en France ce 18 décembre, y compris à Paris, pour réclamer à nouveau au gouvernement leur régularisation.

Cet «acte IV» s'inscrit dans la continuité des manifestations nationales de mai, juin et octobre qui avaient réuni des milliers de personnes. Cette quatrième journée de mobilisation doit débuter dans l'après-midi dans une cinquantaine de villes de province dont Bordeaux, Marseille ou Strasbourg. Le défilé parisien, annoncé à 18h, risque d'être perturbé par l'interdiction par la préfecture d'une partie du parcours annoncé, par crainte de troubles à l'heure du couvre-feu anti-Covid instauré à partir de 20h. Mais les organisateurs ne semblent pas vouloir se plier à l'injonction.

«On s'en fout des ordres», prévient un des organisateurs

Ce parcours «emprunte des quartiers très commerçants à la veille des fêtes de Noël et est susceptible d'engendrer des troubles à l'ordre public», a justifié la préfecture de police qui a notamment interdit l'arrivée du cortège devant la mairie de Paris.

Or les organisateurs ne l'entendent pas de cette oreille. Un nouveau campement pourrait malgré tout être constitué, trois semaines après le démantèlement musclé par les forces de l'ordre de tentes de migrants installées au cœur de la capitale. Celui-ci avait suscité une émotion médiatique, alors même que 74% des Français l'estimaient justifié.

«L'indignation née place de la République, c'est quoi le résultat ? Les migrants sont toujours à la rue. Les indignations, c'est bien, nous, ce qu'on veut ce sont des actes», a pesté auprès de l'AFP Denis Godard, un des organisateurs de cette «Marche des solidarités» à l'appel de plus de 200 collectifs. «Ce qui se passera après [le couvre-feu], ce sera déterminé par les collectifs de sans-papiers de façon à ce que personne ne soit mis en danger, mais l'occupation de la place de l'Hôtel-de-Ville, installer des tentes et un stand, cet objectif politique est toujours là. On s'en fout des ordres», a-t-il encore prévenu.

Les sans-papiers espèrent une oreille plus attentive des autorités. «Nous sommes en très grande précarité et on était en première ligne pendant le confinement. On était les travailleurs qui étions au front, les caissiers, les livreurs, auxiliaires de vie, etc.», a affirmé devant la presse Bchira, un membre de la Coordination des sans-papiers de Paris qui a souhaité taire son npm de famille.

Comme le rappelle l'AFP, ces derniers mois, le dossier des migrants n'est pas resté au point mort : le gouvernement a donné mi-septembre instruction aux préfets de faciliter la naturalisation française des ressortissants étrangers mobilisés en première ligne durant l'épidémie. Début novembre, l'entourage de la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa a fait savoir qu'une première série de 334 naturalisations était en cours. Une goutte d'eau, ont aussitôt jugé les associations qui estiment que les naturalisations, réservées par définition aux étrangers en situation régulière, ne sont qu'une infime partie de l'équation.

Le nombre de sans-papiers en France est estimé entre 300 000 et 600 000.