France

Manifestation à Paris : des organisations et syndicats dénoncent des «interpellations arbitraires»

Plusieurs organisations dont le Syndicat national des journalistes ou la Ligue des droits de l'Homme ont dénoncé les agissements des forces de l'ordre lors de la dernière manifestation contre la loi Sécurité globale à Paris.

Plusieurs associations et syndicats ont dénoncé le 13 décembre des «interpellations arbitraires» lors de la manifestation la veille contre la très controversée proposition de loi Sécurité globale à Paris, où près de 150 manifestants ont été interpellés. Ils estiment que les manifestants parisiens se sont trouvés au cœur d'une «souricière», le cortège étant contenu par un impressionnant dispositif de policiers et de gendarmes. 

«Interpellations en masse, charges infondées faisant éclater le cortège, retenues sans motif légitime au-delà du délai légal, gardes à vue notifiées à la chaîne sur la base d'infractions pénales dévoyées...» : pour ces associations dont Attac, le Syndicat national des journalistes (SNJ) ou la Ligue des droits de l'Homme, la liste des «dérives inadmissibles» est longue.

«Comme nous le redoutions», poursuivent-ils dans leur communiqué, «la manifestation parisienne, bien que dûment déclarée par un collectif d'organisations et autorisée par la préfecture de police, s'est transformée en souricière».

A Paris, parmi les 10 000 manifestants selon les organisateurs, moitié moins selon la police, 120 ont été placées en garde à vue dont au moins deux journalistes : un reporter du média QG et un autre du collectif Reporters en colère (REC).

La garde à vue du premier a été prolongée le 13 décembre, a indiqué à l'AFP la fondatrice de QG, Aude Lancelin. Il est soupçonné d'«attroupement en vue de commettre des violences», de «refus d'obtempérer à un ordre de dispersion» et de «dissimulation du visage» alors que, selon Aude Lancelin, il portait un simple masque de protection.

Le reporter de REC a lui été relâché ce 13 décembre sans poursuite, a indiqué à l'AFP Emmanuel Vire, du SNJ-CGT.

Deux lycéens interpellés dans le cortège ont eux aussi été libérés sans poursuite le 13 décembre dans après-midi, tandis que deux lycéennes mineures ont, elles, écopé d'un rappel a la loi, a-t-il ajouté. 

Sur Twitter, l'élue EELV Bénédicte Monville a indiqué que sa fille de 17 ans avait été placée en garde à vue pour «outrage» : «Elle filmait, un policier la saisit et ils l’ont emmenée.», a-t-elle détaillé. L'adolescente a été libérée dans la soirée. 

Six jugements en comparution immédiate, de nombreux classements sans suite

Selon un bilan provisoire du parquet de Paris le 13 décembre, sur les 19 mineurs placés en garde à vue, 14 ont obtenu un classement sans suite dont 5 après un rappel à la loi et 4 ont reçu une convocation devant le délégué du procureur. Un dernier a vu sa garde à vue levée pour poursuite de l'enquête.

Sur les 105 majeurs en garde à vue, 66 ont bénéficié d'un classement sans suite dont 27 après un rappel à la loi.

Six personnes seront jugées en comparution immédiate le 14 décembre et une autre a accepté une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Deux personnes ont pour leur part été libérées sans être poursuivies à ce stade mais l'enquête les concernant se poursuit. Trente personnes étaient toujours en garde à vue le 13 décembre au soir.

Après deux manifestations contre la loi Sécurité globale marquées par des violences à Paris, les forces de l'ordre ont changé de tactique, le 12 décembre, en intervenant tout au long de la manifestation par «bonds offensifs» pour interpeller toute personne soupçonnée de vouloir constituer un «bloc».

Selon les forces de l'ordre, ces «blocs» se constituent de petits groupes très mobiles qui se greffent sur le cortège pour détruire des commerces et en découdre avec la police.