Dans une interview vidéo accordée au journal La Montagne, publiée sur Twitter le 28 novembre 2020, l’ancien président de la République François Hollande a commenté la mobilisation autour de la loi Sécurité globale. Il a estimé que «s’il y a de l’honneur, il doit se trouver dans le retrait du texte et pas dans son maintien», car «il y a plus d’honneur à retirer un texte quand il heurte les consciences et divise la société qu’à le maintenir». L'ancien maire de Tulle pointe ainsi le risque «de créer de l’incompréhension et de la violence».
François Hollande rappelle à cet égard avoir «aussi été confronté à ce type de décision, notamment avec la déchéance de nationalité». Trois jours après les attentats du 13 novembre 2015, il avait en effet souhaité modifier la Constitution pour y inscrire le régime de l'état d'urgence et l'extension de la déchéance de la nationalité à tous les binationaux condamnés pour terrorisme, même ceux nés en France.
Hollande juge le débat sur la loi «mal engagé» et sa traduction législative «aussi inappropriée qu'inopportune»
Cette dernière mesure avait suscité des débats enflammés et la démission de la ministre de la Justice de l'époque, Christiane Taubira.
«Quand cette question, qui pouvait apparaître comme une des réponses à la crise terroriste, a divisé, j'ai préféré retirer le texte», a souligné l'ancien Premier secrétaire du Parti socialiste, qui avait en effet renoncé à cette mesure le 30 mars 2016. «Quand un producteur de musique se fait ainsi molester, quand sur une place – et pas n’importe laquelle, la place de la République – il y a des heurts avec des violences, il faut qu’il y ait des comportements qui changent», a encore fait savoir François Hollande, faisant référence au producteur de musique Michel Zecler, violemment interpellé par la police le 21 novembre dans son studio d'enregistrement.
«Il faut que les citoyens puissent savoir que lorsqu’il y a des comportements indignes de la part de certains policiers, eh bien il y a des sanctions et il y a des procédures judiciaires. En revanche, quand des policiers sont eux-mêmes attaqués […] il y a la nécessité d'assurer leur soutien», a-t-il ajouté.
Le prédécesseur d’Emmanuel Macron juge le débat sur la loi «mal engagé» et sa traduction législative «aussi inappropriée qu'inopportune». La controverse concerne principalement l’article 24 de la loi Sécurité globale qui instaure la pénalisation de la diffusion «malveillante» d’images des forces de l’ordre. Le 28 novembre, des manifestations contre la loi – émaillées de nombreuses violences contre les forces de l'ordre à Paris – ont réuni 500 000 personnes selon les organisateurs, 133 000 selon le ministère de l’Intérieur.