France

«Dérive liberticide», «choquant» : l'évacuation de migrants à Paris fait réagir la classe politique

Les images du démantèlement par les forces de l'ordre d'un campement de migrants à Paris ont largement fait réagir la classe politique française. Si la gauche dénonce les violences, la droite, elle, souligne la mission difficile des policiers.

De nombreuses personnalités politiques de gauche comme de droite ont réagi le 24 novembre 2020 à l'opération de démantèlement par les forces de l'ordre d'un campement de migrants à Paris place de la République (Xe), survenu la veille au soir.

Sur place lors de l'évacuation des migrants, le député LFI de la première circonscription de la Seine-Saint-Denis Eric Coquerel a témoigné pour RMC. «La foule était absolument pacifique. J'insiste sur ce point», a-t-il d'abord déclaré avant de faire savoir : «J'ai été victime à un moment donné de charges policières. Des policiers en civil ont sorti des matraques gratuitement [...] Ce dont on a assisté hier sont des choses qu'on vit dans toutes les manifestations depuis longtemps. Sauf que cette fois-ci, la préfecture et les élus en prennent pour leur grade.»

Le porte-parole du Parti communiste français et maire adjoint de Paris en charge du logement, de l'hébergement d'urgence et de la protection des réfugiés, Ian Brossat, a confié à RT France que «la situation des réfugiés sur le sol français ne devrait pas se régler avec des forces de l'ordre mais avec des places d'hébergement. Penser que l'on règle un problème social avec des coups de matraque, c'est totalement délirant !»

«Chasser la misère à coup de matraques plutôt que de chercher des solutions. La rendre invisible plutôt que l'éradiquer. Et demain un président qui nous parlera de notre commune humanité», a quant à lui déclaré sur Twitter le député du Parti socialiste (PS) de Seine-et-Marne et premier secrétaire du PS, Olivier Faure.

«Ces images sont extrêmement choquantes. On a vu des violences vis-à-vis de réfugiés en situation extrêmement difficile et des violences vis-à-vis de journalistes, qui commencent à s'accumuler dans le temps», a réagi l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot sur Europe 1. Et d'ajouter : «Il y a dans ce pays, aujourd'hui, une dérive liberticide.»

«Ce sont des scènes d'une rare barbarie et qui signalent le basculement dans un régime autoritaire assumé par le président de la République», a vilipendé le député des Bouches-du-Rhône et président du groupe LFI à l'Assemblée nationale Jean-Luc Mélenchon lors d'une conférence de presse.

De son côté, le député les Républicains (LR) des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, s'est placé du côté des policiers «qui ont effectué une mission qui est difficile et exigeante» avec «face à eux des militants d'extrême gauche qui sont là pour déstabiliser la République». Et d'estimer : «Il était important d'évacuer ce camp. Il est illégitime qu'une place de Paris devienne un campement illicite pour migrants.»

La maire LR du VIIe arrondissement de Paris, Rachida Dati, s'est dite choquée par les images de l'évacuation des migrants de la place de la République. Et d'ajouter : «Le préfet de police de Paris a fait son travail avec les moyens qu'on lui donne. Si les moyens qu'on lui donnent ne sont pas suffisants, forcément, on risque le dérapage.»

«A quoi sert de faire voter une loi pour protéger les policiers, si c'est pour les désavouer collectivement au moindre incident ou à la moindre provocation d'extrême gauche ?», a ironisé la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, en référence aux propos du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Celui-ci avait assuré sur Twitter, quelques instants après le démantèlement du campement de migrants par les forces de l'ordre : «Certaines images de la dispersion du campement illicite de migrants place de la République sont choquantes. Je viens de demander un rapport circonstancié sur la réalité des faits au Préfet de police d'ici demain midi. Je prendrai des décisions dès sa réception.»

«Le rapport du Préfet de police sur l'évacuation du campement illicite place de la République m'a été remis ce matin [le 24 novembre]. Celui-ci m'a proposé la saisine de l'IGPN sur plusieurs faits inacceptables. J'ai demandé à l'IGPN de remettre ses conclusions sous 48h et les rendrai publiques», avait-il ensuite insisté, toujours sur la plateforme de microblogging.