France

Loi Sécurité globale : reçus par Darmanin, les détracteurs du texte claquent la porte

Une délégation, composée de représentants d'ONG et de syndicats de journalistes opposés à la proposition de loi Sécurité globale, a claqué la porte des discussions avec le ministre de l'Intérieur et demande à être reçue par Jean Castex.

Après la mobilisation du 21 novembre, qui a rassemblé 22 000 personnes dans une vingtaine de manifestations en France, les opposants à la loi, reçus le 23 novembre au soir par le ministre de l'Intérieur, appellent «à participer massivement» aux nouvelles marches de protestation qui seront organisées le 28 novembre.

«Le ministre de l'Intérieur nous a fait une réexplication de texte de la proposition de loi Sécurité globale et du nouveau schéma national du maintien de l'ordre (SNMO)», a expliqué lors d'un point presse Emmanuel Poupard, premier secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ) et membre de la délégation composée d'une quinzaine de personnes. «Nous avons posé comme préalable à toute discussion le retrait des articles 21, 22 et 24 et du SNMO. On a un ministre qui nous a endormis en proposant quelques améliorations par-ci, par-là, il n'en est pas question, donc nous avons décidé collectivement de quitter la réunion et nous en appelons à monsieur le Premier ministre Jean Castex», a-t-il poursuivi.

La proposition de loi Sécurité globale en discussion au Parlement, et notamment son article 24 voté le 20 novembre, entend pénaliser la diffusion malveillante de photographies de policiers lors de manifestations, soulève l'indignation des organisations de journalistes et des défenseurs des libertés publiques.

«Au vu des déclarations de madame Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur ce lundi sur RMC qui confirme nos craintes sur la liberté d'informer et d'être informé en France, alors que la Commission européenne vient de rappeler que les journalistes devaient pouvoir faire leur travail librement et en toute sécurité, [...] la coordination estime que Darmanin fait toujours fausse route en s'entêtant avec cette proposition de loi, une réponse clientéliste à des syndicats de police», déplore la délégation dans un communiqué.

«J'ai dit mon ouverture d'esprit pour pouvoir continuer à travailler avec les syndicats de journalistes et certaines associations qui étaient venues me voir. Ils n'ont pas souhaité continuer ces discussions, ma porte est toujours ouverte», a réagi sur Twitter Gérald Darmanin.

La délégation, qui estime que les conditions «d'un dialogue constructif» avec Gérald Darmanin ne sont pas réunies, a écrit à Jean Castex pour solliciter un rendez-vous.

Nous lui avons posé des questions très simples

Les propos du ministre n'ont pas contenté le journaliste Taha Bouhafs, présent à la réunion et interrogé par Le Média : «Nous lui avons posé des questions très simples. Est-ce qu'il comptait retirer 21, 22, 24 de la loi "Sécurité globale" […] C'était des questions claires, oui ou non. Il a commencé a nous assommer avec des discours hors sols, en dehors de la réalité.» 

«On a un ministre de l'Intérieur qui se fout de notre gueule !», s'est-il exclamé.

«Ca fait deux ans que des journalistes sont arrêtés, entravés, interpellés, frappés placés en garde à vue», a regretté le journaliste militant avant de pointer un «ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui cède aux syndicats de police, extrémistes qui veulent museler la presse et les citoyens».

Une position également portée par l'écrivain et journaliste, David Dufresne qui a déclaré sur Twitter que «la porte était tellement ouverte que [la délégation l'a] prise devant votre refus de retirer les articles 21, 22 et 24 de la loi "Sécurité globale" et du SNMO».

Egalement présent, l'avocat Arié Alimi a annoncé qu'«après la Commission européenne, c'est le Parlement européen qui s'apprête à tancer la France sur les graves atteintes à la liberté de la presse et à la liberté d'informer.»

Le 21 novembre, un jour après le vote de l'article 24, des rassemblements ont eu lieu en France contre le projet de loi Sécurité globale, objet d'une vive controverse sur la liberté d'informer.