France

Paris : la manifestation contre la loi Sécurité globale vire à l'affrontement

Un jour après le vote de l'article 24, objet d'une vive controverse sur la liberté d'informer, des rassemblements ont eu lieu en France contre le projet de loi Sécurité globale. La tension est montée d'un cran dans la capitale en fin de journée.

Samedi 21 novembre

Témoignage sur Twitter d'un journaliste de Le Média TV qui a été «envoyé à terre» par la police lors des tensions sur la place du Trocadéro. A la suite de cette chute, son matériel s'est cassé. 

Retour au calme place du Trocadéro comme a pu le constater le journaliste de RT France présent sur place.

Contrastant avec les tensions en cours en marge du rassemblement parisien, une atmosphère plus apaisée a été observée sur la place du Trocadéro alors que des gendarmes mobiles retiraient leur casque. «Sous les applaudissements, le symbole d'apaisement d'une soirée bien différente que celle de mardi dernier», a commenté le journaliste 
Thibault Izoret.

Ainsi que le rapporte le journaliste de terrain Jonathan Moadab, l'hymne national a été entonné en début de soirée par des manifestants nassés sur la place du Trocadéro à Paris.

Alors que la préfecture de police de Paris a informé avoir effectué les dernières sommations pour disperser le rassemblement parisien, plusieurs interpellations ont été effectuées en début de soirée.

Présente pour la couverture du rassemblement parisien, notre journaliste Meriem Laribi a reçu l'ordre de la police de «circuler» alors qu'elle filmait l'interpellation d'une femme. L'officier qui s'est adressé à elle lui a expliqué qu'elle serait interpellée si elle restait sur place.

«La jeune femme est palpée (chevilles) à l'abri des regards. Les policiers sont venus vers moi : "si vous ne circulez pas dans 30 secondes vous êtes interpellée, ce sont les ordres"», relate-t-elle dans un tweet, vidéo à l'appui.

Alors que les tensions se sont multipliées sur la fin du rassemblement parisien, les forces de l'ordre ont effectué des interpellations. «Changement de stratégie pour les forces de l'ordre. Elles se sont regroupées et procèdent désormais à des interpellations individuelles», relate notre journaliste Nadège Abderrazak.

Retrouvez notre édition spéciale consacrée à la mobilisation nationale du jour contre la loi Sécurité globale.

Plusieurs personnes auraient été blessées lors des tensions en cours en marge du rassemblement à Paris, selon l'agence d'images Line Press.

«Homme touché à la tête par un projectile soigné par les medics au Trocadéro», témoigne également notre journaliste Lucas Léger, image à l'appui.

Retrouvez l'édition spéciale de RT France.

Après plusieurs provocations de la part de certains individus cagoulés présents aux abords de la place du Trocadéro, les forces de l'ordre ont fait usage du canon à eau.

«Les manifestants continuent de faire face aux forces de l'ordre malgré des tirs de canon à eau. Pas de gaz lacrymogène pour l'instant», rapporte notre journaliste Lucas Léger.

Face à l'accroissement des tensions au rassemblement parisien place du Trocadéro, les forces de l'ordre avancent leur canon à eau, comme le rapporte notre reporter de terrain Nadège Abderrazak. «De nombreux projectiles sont lancés en direction des forces de l'ordre qui restent passives pour l'instant», précise-t-elle.

«Éloignez-vous des individus qui s'en prennent aux forces de l'ordre. Évitez le secteur Trocadéro-Avenue d'Eylau», a écrit la préfecture de police sur Twitter.

Malgré une situation qui se tend peu à peu au sein d'une partie du rassemblement parisien, les forces de l'ordre semblent pour l'heure privilégier la retenue, ainsi que le rapporte notre journaliste Meriem Laribi.

«Quelques départs de feu», témoigne de son côté notre reporter de terrain Charles Baudry.

«L'Etat de droit, c'est le droit des citoyens d'user de leurs droits contre les abus de l'Etat. [...] Nous ne sommes pas ici pour défendre un privilège corporatiste, nous sommes ici pour défendre nos droits fondamentaux, les droits de tous», a déclaré, auprès des participants du rassemblement parisien, via un mégaphone, Edwy Plenel, président et cofondateur du site d'investigation Mediapart.

Ainsi que le rapporte notre journaliste Lucas Léger, la tension est montée d'un cran en fin d'après-midi entre certains manifestants et forces de l'ordre en marge du rassemblement parisien. «Tensions et jets de projectiles en verre sur les forces de l'ordre», a-t-il commenté, vidéo à l'appui.

«De nouveaux tirs sur les gendarmes», a-t-il encore témoigné quelques minutes plus tard, publiant une vidéo dans laquelle on peut voir plusieurs individus lancer des projectiles en direction des forces de l'ordre, aux abords d'une poubelle incendiée.

Présente au rassemblement parisien contre la loi Sécurité globale, Dominique Pradalié, une des cinq secrétaires générales du syndicat national journaliste (SNJ) – syndicat co-organisateur de la manifestation – s'est inquiétée d'un projet législatif remettant en cause l'état de droit en France. «Ce qui se joue c'est la liberté d'informer, la liberté de filmer dans les rues, de rapporter en témoin ce qu'on voit. L'article 24, modifié ou pas, ni changera rien, l'intention est de museler la presse et d'empêcher les cinéastes de faire leur travail de documentation de la société française», a-t-elle notamment déclaré.

Des avocats allument des fumigènes en scandant «Liberté ! Liberté !» à Paris.

Fatou Dieng est venue manifester pour faire reconnaître la mort de son frère par plaquage ventral en 2007 : «Si les policiers s'étaient sentis filmés, peut-être qu'ils auraient retenu leurs coups et que Lamine serait encore vivant aujourd'hui». 

Des manifestants dénoncent la présence d'un drone de surveillance au-dessus de la Place du Trocadéro.

Faouzi Lellouche, directeur associatif, demande un retrait «total» de la loi. Selon lui, elle «découle des deux années de contestation sociale liées aux gilets jaunes. C’est un remerciement auprès de la police pour le service rendu. C’est le bras de fer du gouvernement, la police».

Emmanuel Poupard, Premier secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ), demande le retrait du texte, qui est, selon lui, une «entrave à la liberté d'informer» et «au libertés publiques».

Le député LFI du 93 Eric Coquerel annonce que les groupes LFI, Socialistes, Communistes vont déposer un recours contre la loi Sécurité Globale devant le Conseil constitutionnel pour renvoyer cette loi à «la poubelle de l’Histoire».

«Ils essaient de nous faire croire qu’il ne s’agit que d’une loi pour protéger les policiers alors que nous savons tous que les menaces de mort, les diffamations, sont déjà punies par la loi», s’est-il indigné au micro sur la Place du Trocadéro, ajoutant : «Nous savons qu’en réalité, il s’agit de faire sauter le dernier obstacle : celui de pouvoir témoigner, celui de pouvoir contrôler ceux qui exercent le monopole de la violence légitime».

Le journaliste Taha Bouhafs s'est exprimé à Paris sur la création du collectif de Reporters contre la répression et la précarité REC : «On a créé ce collectif […] pour toutes celles et ceux qui ont subi l’arbitraire policier en essayant de faire leur travail […] Aujourd’hui, avec cette loi c'est tous les journalistes et les citoyens qui sont visés. Alors, nous disons que cette loi ne doit pas passer car cette loi va viser en particulier les habitants des quartiers populaires qui ne peuvent pas se défendre face aux policiers».

Il a ensuite fait valoir son point de vue au micro de RT France.

Le député LFI Adrien Quatennens a publié sur Twitter des photos de la manifestation à Lille. Les citoyens étaient réunis sur la Place de la République. «L’information et le contrôle citoyen de ceux qui ont le monopole de la violence légitime de l’Etat sont une nécessité en démocratie.»

A Paris, les manifestants scandent «Tout le monde peut filmer la police» tout en brandissant des pancartes «Cachez ces violences policières que je ne saurais voir».

Gilles Manceron, l’un des responsables de la Ligue des droits de l’Homme, présent sur la place du Trocadéro, a expliqué à 20 Minutes que, selon lui, la loi prévoyait des «dispositions attentatoires aux libertés publiques».

L’une d’entre elles, très importante selon lui, «prévoit l’interdiction de diffuser des images de violences policières, en fait». «Ils disent dans le texte "de policiers, avec diffusion mal intentionnée", quelque chose comme ça. Mais en fait c’est le reportage par la presse de ce qui se passe dans les comportements des forces de police dans les différentes manifestations qui est réprimé, que l’on veut interdire», ajoute-t-il. 

L’adjoint au maire du XIXe arrondissement François Bechieau s’est joint au rassemblement à Paris. Interrogé par RT France, il a déclaré : «Nous sommes réunis ici devant le parvis des droits de l’Homme place du Trocadéro pour revendiquer la liberté de la presse, les droits fondamentaux. Ces droits que le pouvoir en place actuel de messieurs Macron, Castex, Darmanin et consorts, veulent restreindre.»

Concernant l’amendement apporté à la loi établissant que la publication d’images de policiers ne serait punie qu'en cas d'une «volonté de nuire manifeste», il fait part de son indignation : «Comment allez-vous prouver que cette volonté est manifeste ? Aujourd’hui, je ne connais pas de journaliste faisant son travail qui veut violer la liberté des forces de l’ordre.» Il ajoute que «les forces de l’ordre ont besoin d’autre chose comme soutien du gouvernement que de cette loi. Les forces de l’ordre ont besoin de moyens, d'une police de proximité, et de renseignements adaptés».

Ainsi qu'en témoigne une vidéo publiée sur Twitter par le journaliste Amaury Baqué, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés sur le Vieux-Port de Marseille, un des nombreux points de ralliement du jour.

Suivez en direct le déroulement de la manifestation à Paris via le Facebook Live de RT France.

David Khalifa, reporter pour RT France présent sur la place du Trocadéro, a noté la mise en place d’un «dispositif de sécurité impressionnant». Il souligne que les manifestants se sont déplacés pour demander la «dissolution de l’Assemblée nationale et le RIC [référendum d’initiative citoyenne] en toute matière».

Interrogée par RT France, Sophie Tissier, l'une des organisatrices du rassemblement, s’inquiète d’observer un «climat de guerre civile». Elle estime que «la police provoque par ce dispositif ultra-puissant», et ajoute : «Aujourd’hui, c’est un appel massif, une unification d’énormément de gens pour dénoncer cette loi sur la Sécurité globale qui va permettre d’amenuiser notre liberté d’informer puisque cette loi est passée. Il y a aujourd’hui un climat qui est de plus en plus tendu et qui est délétère.»

Les premiers manifestants ont fait leur arrivée sur la place du Trocadéro à Paris. Certains brandissent des pancartes «Stop loi sécurité globale», «Globalement Darmacron [contraction de Darmanin et Macron] – nous insécurisent», ou encore «On baissera nos téléphones quand vous baisserez vos armes», comme on peut le voir sur des photographies prises par la reporter de RT France Meriem Laribi.

Le Parvis des droits de l'Homme, mitoyen à la place du Trocadéro, est totalement inaccessible aux manifestants, comme en témoigne la reporter de RT France Nadège Abderrazak.

La place du Trocadéro, où se déroulera la manifestation parisienne, a été barricadée. L'accès à l'esplanade du Trocadéro a été bouclé et les bouches de métro fermées.

Des dizaines de camions de police et de CRS balisent les avenues qui entourent la place.

Alors que la manifestation débute à 14h à Paris, un rassemblement a débuté à Montpellier (Hérault) dès la fin de matinée.

A Lille (Nord) également, élus, syndicats et associations sont prêts à battre le pavé.

A l'appel de plusieurs organisations de défense des droits humains et de syndicats de journalistes, une manifestation se tient ce 21 novembre 2020 sur le Parvis des droits de l'Homme, place du Trocadéro à Paris, pour contester le projet de loi relatif à la «sécurité globale». D'autres rassemblements sont également prévus dans plusieurs villes du pays.

A Montpellier et à Lille, les manifestations ont démarré dès la fin de matinée. A Paris, le rassemblement débute à 14 heures.

Ces manifestations se déroulent dans un climat tendu, l'Assemblée nationale ayant voté le 20 novembre au soir la mesure la plus controversée de la proposition de loi, à savoir son article 24. Celui-ci pénalise la diffusion malveillante de l'image des forces de l'ordre.

Face à la controverse qui n'a cessé d'enfler depuis l'annonce de ce projet de loi dénoncé comme une atteinte aux libertés – et notamment à celle d'informer –, le gouvernement a promis des garanties sur ce dernier point. Ainsi, un amendement réécrivant l'article 24, adopté par 146 voix contre 24, précise que la mesure ne peut porter «préjudice au droit d'informer» et que l'intention malveillante contre les forces de l'ordre doit être «manifeste».

«L'équilibre est réaffirmé entre la liberté d'informer et la protection des forces de l'ordre», a assuré le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, lors d'un débat houleux à l'Assemblée le 20 novembre. Pas de quoi calmer la colère des opposants qui y voient une mesure liberticide qui vient ajouter un contenu flou et suspect à un arsenal juridique déjà jugé par certains protecteur contre les menaces à l'encontre des policiers et gendarmes.

L'article 24 pénalise d'un an de prison et 45 000 euros d'amende la diffusion de «l'image du visage ou tout autre élément d'identification» des forces de l'ordre en intervention quand elle porte «atteinte» à leur «intégrité physique ou psychique».