«Si on a des moments de grosses vagues de froid, il va falloir faire de la régulation. Faire de la régulation, ça veut dire travailler avec les industries pour qu'elles puissent arrêter leur production à certains moments [...] A l'extrême, on peut envisager des coupures [d'électricité] très courtes», a déclaré ce 19 novembre Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, sur le plateau de BFM TV.
«S’éclairer à la bougie», «Quelle régression»
La prestation télévisée de l'actuelle ministre – qui fut secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité des gouvernements Valls et Cazeneuve sous le mandat de François Hollande – a suscité une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux, où son intervention a déjà cumulé plusieurs centaines de milliers de vues, quelques heures à peine après sa publication. De fait, l'épisode fait écho aux multiples critiques visant la gestion gouvernementale de l'énergie en France, notamment après la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim au mois de juin 2020.
«Nous avions prévenu les Français que la fermeture de la centrale de Fessenheim risquait d’entraîner des problèmes majeurs ! Si c’est ça le progressisme, se chauffer au feu de bois et s’éclairer à la bougie, merci bien !», a par exemple tweeté la patronne du Rassemblement national Marine Le Pen.
«Quelle régression... Voilà à quoi conduisent des choix énergétiques hasardeux. Vrai sujet de préoccupation», a pour sa part considéré le député Les Républicains de l'Yonne, Guillaume Larrivé. «Si seulement il y avait un haut-commissariat au plan pour planifier dans le temps la transition énergétique, de sorte que les usagers ne soient pas confinés dans le froid», a encore commenté l'ex-porte-parole de la France insoumise Raquel Garrido.
Barbara Pompili se défend sur Twitter
Face à l'afflux de réactions, Barabara Pompili a décidé de réagir via son compte Twitter. La ministre a ainsi répondu au commentaire d'Hubert Delarue – grand avocat pénaliste qui, comme le relevait RTL au mois de décembre dernier, a été pendant près de 40 ans «au cœur de toutes les grandes affaires judiciaires françaises», dont l'affaire d’Outreau – selon qui les coupures d'électricité à prévoir pourraient s'expliquer par «la fermeture de Fessenheim qui a obligé à la réouverture de centrales à charbon».
Nous gérons aujourd’hui les conséquences du premier confinement
«Ce n’est [...] pas la fermeture de Fessenheim qui pèse sur l’équilibre offre-demande actuel. Nous gérons aujourd’hui les conséquences du premier confinement», a notamment affirmé la ministre, soulignant que celui-ci avait conduit à «décaler les opérations de maintenance des centrales nucléaires de quelques mois».
«Concernant les centrales à charbon : il n’y a pas de réouverture», a-t-elle assuré, concédant cependant que «chaque année» la France pouvait recourir «de façon ponctuelle» aux quatre dernières centrales à charbon du pays. «Cela représente de 1 à 3% de la production. Ces centrales seront fermées à la fin du quinquennat», a encore précisé Barbara Pompili.
Au mois de septembre déjà, un article des Echos révélait que pour satisfaire ses propres besoins en électricité, la France était alors globalement importatrice en la matière. «Ces importations proviennent en grande partie d'Allemagne où la production d'électricité génère plus d'émissions de CO2 qu'en France. Ce contexte tire les prix de l'électricité à la hausse», soulignait l'article.